Émancipation


Tendance intersyndicale

Les grèves seront féministes ou ne seront pas !

Les manifestations des 23 et 25 novembre ont réuni quelque 150 000 personnes dans toute la France. Des cortèges dynamiques, jeunes et pour beaucoup radicaux ont porté cette déferlante, qui témoigne d’un renouveau des luttes féministes, une nouvelle “vague” avec laquelle il faut désormais compter. Réuni notamment sur la question des féminicides et autour de la vague #metoo, le mouvement s’ancre dans un double contexte, national et international.

À l’international, la question des féminicides et des violences faites aux femmes a commencé à mobiliser très massivement en 2017 avec le mouvement Ni Una Menos en Argentine, bientôt rejoint par l’Espagne, le Brésil, puis la Belgique, la Suisse… En plus des revendications relativement unifiantes – qui ne sauraient néanmoins masquer la diversité de revendications en leur sein – ces mouvements ont porté haut la question de la grève des femmes. Grève du travail productif bien sûr, mais également grève du travail reproductif (travail domestique, travail du care…), qui reste encore, en dehors de la sphère du travail productif, très massivement fait par des femmes.

S’il s’agit de dénoncer par là les inégalités, ces revendications donnent de la visibilité à l’idée selon laquelle, en dehors du travail salarié et en son sein, les tâches de reproduction (soin des autres, prise en charge des enfants, entretien domestique…) sont portées par des femmes, et qui incarne le croisement des oppressions capitalistes, racistes et patriarcales.

En France, la question des féminicides cristallise également les revendications des mouvements féministes, mais la question de la grève peine davantage à prendre. Si des appels se font entendre autour du 8 mars, la construction d’une grève féministe restait encore un horizon lointain il y a quelques mois. Mais des collectifs commencent à s’emparer de la question de la grève des femmes, notamment dans la perspective du 8 mars, sur des bases similaires à celles des mouvements internationaux. Cette question de la grève est d’autant plus importante qu’elle ancre ces mouvements dans la nécessité de devenir contraignants pour le gouvernement et l’économie. Et la question de la culpabilité de l’État ne fait plus débat au sein des cortèges féministes, tout comme celle de la nécessité de penser un autre système fait son chemin.

Difficile de ne pas relier cette détermination et cette transformation du mouvement féministe au contexte du mouvement social des Gilets jaunes, qui a mobilisé beaucoup de femmes, et qui a rendu davantage visible encore la question de leur précarité. Difficile aussi de ne pas faire le lien entre cette précarité, les inégalités de traitement entre les femmes et les hommes et la question de la réforme des retraites, qui s’annonce destructrice pour chacun·e mais en particulier pour les femmes dont les carrières sont plus marquées par les interruptions, les temps partiels… Sans compter qu’elles partent avec des salaires de 20 % inférieurs à ceux des hommes.

Déjà les collectifs s’organisent ; dans les manifestations fin novembre, les revendications, les tracts qui appelaient à construire la grève du 5 jusqu’au retrait de la réforme étaient nombreux. Il faut compter avec la construction du mouvement féministe désormais, dont la convergence avec le mouvement social est évidente.

Construisons et renforçons ces liens et cette convergence,

le mouvement du 5 et ses suites seront féministes !

Karine,

le 30/11/2019


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