Émancipation


Tendance intersyndicale

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Novembre 2019

Critiques de l’école numérique

L’idée que l’école telle qu’on la concevait jusqu’à maintenant est obsolète et qu’elle doit, s’adapter à un monde contemporain ultraconnecté, a triomphé. Injonction est faite aux enseignant·es, à s’en remettre les yeux fermés au numérique. Rares sont celles et ceux qui osent s’exprimer publiquement pour remettre en cause ces orientations, aux conséquences désastreuses pour notre psychisme et nos sociétés. Ce livre leur donne la parole et montre que les processus en cours ne sont ni “naturels”, ni inéluctables. Enquêtes, analyses, témoignages d’expériences quotidiennes, éclairent les soubassements théoriques et les arrière-plans économiques de la numérisation de l’éducation, de la petite enfance à l’université. Autant de contrepoints qui expriment un refus de se laisser gouverner par des technocrates qui entendent révolutionner nos vies.

Critiques de l’école numérique, coordonné par Cédric Biagini, Christophe Cailleaux, François Jarrige, éditions L’échappée, octobre 2019, 448 p., 25 €.

Petite histoire du gaz lacrymogène

D’abord utilisé sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, le gaz lacrymogène fut peu à peu intégré à la panoplie du maintien de l’ordre civil aux États-Unis puis partout dans le monde. Il constitue par ailleurs un fructueux produit pour l’industrie de l’armement. Irréprochablement documenté, ce livre décrit comment l’usage de ce gaz de combat a causé, par milliers, des blessures graves, des traumatismes, des mutilations, des asphyxies, des décès – mais aussi comment il s’inscrit dans un processus de maîtrise, par la force brute, des foules et de l’espace public. L’autrice réalise une enquête saisissante sur les fabricants et leurs relations avec les dictatures employant une politique offensive qui exclut le droit d’expression et celui de manifester.

Petite histoire du gaz lacrymogène, Anna Feigenbaum, éditions Libertalia, septembre 2019, 321 p., 17 €.

Sur les traces des migrants

Confronté·es à la violence du refus de l’asile et de l’accueil, les exilé·es élaborent des contre-conduites pour résister à leur déshumanisation programmée, à la politique qui vise à les faire disparaître. Ce livre entreprend de redonner un nom et une histoire à ces silhouettes errantes bloquées aux frontières. En suivant un petit groupe d’exilé·es de Calais à Londres, le livre nous parle de leurs motifs, de leurs craintes, de leurs rêves. Il nous fait éprouver les conditions de vie que le gouvernement impose aux migrant·es sans statut, les effets concrets des politiques européennes de non-accueil, la façon dont ils,elles s’y adaptent et résistent . Il évoque enfin les relations avec les bénévoles, les citoyen·nes, qui défendent de nouvelles formes d’hospitalité militante.

De Calais à Londres, sur les traces des migrants, Sophie, Djigo, éditions Le bord de l’eau, septembre 2019, 208 p., 20 €.

La conjuration des ego

Et si l’individualisme et le libéralisme, qui déterminent si fortement nos manières de voir le monde, façonnaient aussi les mouvements politiques engagés pour la justice sociale et l’émancipation ? Aude Vidal interroge les nouveaux féminismes radicaux. Le renouveau que connaît aujourd’hui le mouvement semble également le déborder sur ses marges : prostitution, inclusion des femmes trans et des personnes non-binaires, difficile articulation avec les pensées queer et décoloniales sont l’occasion d’autant de frottements/conflits. Ringard et étriqué, le féminisme hérité de la deuxième vague? Ou bien le foisonnement des féminismes d’aujourd’hui ne serait-il pas l’occasion de dérives libérales? Comment accueillir ces questions qui renouvellent le féminisme, souvent de manière stimulante ou salutaire, sans rien céder sur la défense des femmes et de leur intégrité ?

La conjuration des ego féminisme et individualisme, Aude Vidal, éditions Syllepse, octobre 2019, 96 p., 7 €.


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