Émancipation


Tendance intersyndicale

Un mois dans le monde

L’Europe et le coronavirus

L’Union Européenne a écrasé la Grèce en lui coupant tout crédit, il y a quelques années, plongeant toute une partie de son peuple dans la misère. La même Europe a organisé l’évasion fiscale, et la délocalisation massive de pans entiers de l’économie vers les pays à bas coût salarial : sidérurgie, construction navale mais surtout textiles et médicaments. En pleine épidémie, l’Europe est incapable de fabriquer en quantité suffisante médicaments et masques de protection. Elle a manqué de façon drastique de tests qui auraient pu limiter la pandémie quand elle s’est déclarée.

L’Europe a imposé partout des politiques d’austérité et de limitation des déficits. En priorité, les coupes financières ont été effectuées sur la santé. Des centaines d’hôpitaux et des milliers de lits ont été fermés. Macron a envoyé ses pandores contre les urgentistes et les infirmier·es qui protestaient contre la détresse des hôpitaux et réclamaient des sommes d’ailleurs dérisoires par rapport à tout ce que les actionnaires ont confisqué.

Angela Merkel propose aujourd’hui 500 milliards (!!) d’euros pour relancer l’économie. Avec une somme pareille, on aurait pu financer 500 plans d’urgence pour les hôpitaux et produire des masques en quantité suffisante pour des milliers d’années.

Cocorico, la France est repassée troisième exportatrice d’armes. Elle vend aussi ses LBD, ses lacrymos et surtout son savoir faire en matière de répression. Et elle n’a quasiment plus aucune usine de médicaments. Elle importe à grand renfort de publicité un milliard de masques fabriqués en Chine.

La Lombardie est la région la plus riche d’Italie. Ses dirigeants (membres de la Ligue) ont consacré toute leur énergie à stigmatiser et réprimer les étranger·es, les Noir·es, les pauvres. Résultat : des milliers de mort·es et un service de santé qui explose, où on trie les malades qu’on va pouvoir traiter. Et Cuba, dont le régime est sans arrêt dénoncé par les autorités européennes, envoie des médecins en Italie !

L’an 01

C’est le titre d’une bande dessinée écrite par Gébé entre 1971 et 1973 dans Charlie Hebdo : “on arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste”. Il y a près de 50 ans, il posait des questions d’une actualité brûlante, dénonçant l’absurdité de la production marchandisée de produits inutiles. Après la pandémie, va-t-on reprendre la course folle vers l’abîme et la dictature des marchés financiers ? “Socialisme ou barbarie” disaient nos ancien·nes. On y est, les nationalisations ne suffiront pas, il faut en finir avec le capitalisme !

Inde

Le pays le plus peuplé du monde est confiné. Les images de policiers matraquant sauvagement les passant·es obligé·es de sortir de chez eux/elles pour pouvoir manger circulent en boucle. Juste avant la pandémie, Modi avait organisé à Delhi un véritable pogrom contre les Musulman·es dont certain·es seront déchu·es de leur nationalité. Son parti est l’héritier des assassins de Gandhi. Son régime montre ce que pourrait être la “gestion” de la pandémie dans le Tiers Monde.

Afghanistan

Il y a presque 20 ans, l’attentat contre les tours de New York entraînait la promotion éhontée de “la guerre du bien contre le mal”. Alliés à Ben Laden, il y avait les Talibans et l’Occident allait rapidement renverser ce régime, pensant avoir gagné. Les États-Unis viennent de signer un accord avec ces mêmes Talibans qui signe leur défaite. Les Talibans vont reprendre, à terme, le pouvoir. Les “bavures” incessantes des troupes occidentales ont déconsidéré tou·tes les politicien·nes sur lesquel·les ces troupes se sont appuyées. Avant un départ annoncé, l’armée française se signale par son ingratitude. Les Afghan·es qui ont servi de guide ou de traducteur.trices n’auront pas, pour la plupart, le droit d’émigrer en France. Ils/elles paieront donc leur choix au prix fort.

Iran

Le rétablissement du blocus de l’Iran par Trump et la capitulation européenne devant cette politique servent les intérêts de la dictature religieuse. Sur fond de misère, elle a pu réprimer férocement les mouvements sociaux et gagner avec une abstention très massive les dernières élections. Le pays est un des plus atteints par l’épidémie de coronavirus et le système de santé est exsangue. Face aux méthodes de gangster de Trump, la dictature utilise les mêmes méthodes : elle a pris en otage deux chercheur·es français·es. Roland Marchal a été libéré, il faut exiger la libération de Farida Adelkhah. Il faut soutenir le peuple iranien et exiger la levée du blocus.

D’Idlib à Lesbos, les soudards meurtriers

Après avoir longtemps bombardé et affamé la région d’Idlib, le soudard Assad et son allié Poutine donnent l’assaut, poussant des milliers d’habitant·es vers un exil sans refuge.

Adversaire d’Assad aussi bien en Syrie qu’en Libye par alliés interposés, mais client de Poutine pour son armement, le soudard Erdogan se livre aussitôt à un chantage : “Européens, ou vous me soutenez, ou je me débarrasse des millions de réfugiés que je retiens à votre demande sur mon sol”. Et il “ouvre” sa frontière vers l’Europe.

“Quoi ?” disent les soudards européens. “Nous ne voulons pas de ces réfugié·es”. Leur valet, le Premier ministre grec Mitsotakis construit de nouveaux camps de concentration (pardon de rétention) à Lesbos. Son armée et sa police tirent sur les réfugié·es pour les empêcher de passer.

Dans le concert des soudards, ne manquaient que les néo-nazis d’Aube Dorée. Leur milice est arrivée à Lesbos, symbole du “grand remplacement” qui est à la base de leur propagande. Ils ont empêché des bateaux de réfugié·es d’accoster.

Face à ce ramassis de honte, bravo à Jean Ziegler qui vient de publier “Lesbos, la honte de l’Europe”. Bravo aux habitant·es de Lesbos qui s’opposent à Aube Dorée et mettent en acte leur solidarité avec les réfugié·es.

Nétanyahou for ever

Les troisièmes élections israéliennes en un an se sont terminées comme précédemment par un pays apparemment ingouvernable. Dans cet imbroglio, Benny Ganz semblait promis à devenir Premier Ministre avec l’appui d’une coalition plus qu’hétéroclite allant de la “Liste Unie” (alliance des principaux partis palestiniens qui a gagné deux députés grâce en partie à une percée dans l’électorat juif progressiste) au fasciste Lieberman. Certain·es y voyaient l’espoir d’être enfin débarrassé·es de Nétanyahou.

Il ne faut jamais faire confiance à un criminel de guerre et il faut souhaiter que les dirigeants de la “Liste unie” sauront analyser leur erreur. Ganz s’est couché, faisant éclater sa propre coalition. Il devient Président du Parlement et laisse à Nétanyahou le poste de Premier Ministre à la tête d’une nouvelle “union nationale”. Le procès pour corruption est reporté à une date indéterminée. Prétexte invoqué par Ganz : le coronavirus face auquel la politique israélienne laisse rêveur. Les synagogues restent ouvertes alors que visiblement les religieux ont introduit une bonne partie de l’épidémie, les services secrets sont utilisés pour surveiller les malades, les Palestinien·nes malades sont expulsé·es sans être soigné·es et Gaza reste sous blocus intégral, y compris pour les médicaments et le matériel médical. Un bombardement a même eu lieu le 27 mars.

Pierre Stambul, le 28 mars


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