Émancipation


Tendance intersyndicale

Congrès du SNES-FSU : quel syndicalisme pour les luttes ?

La vie syndicale est rendue plus difficile par la situation des établissements, mais aussi par le fait que le pouvoir profite de l’épidémie pour accentuer l’autoritarisme et les tentatives de caporalisation des personnels. Ainsi le congrès du SNES-FSU ne pourra pas se tenir sous des formes normales. Néanmoins, les syndiqué·es sont amené·es à s’exprimer lors du vote d’orientation interne : nous publions ci-dessous le texte d’orientation d’Émancipation, qui pointe quelques-uns des grands enjeux pour les prochains mois.

Pour stopper Macron et imposer des alternatives,
un syndicalisme démocratique et de lutte !

La responsabilité du gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire est accablante : saccage de l’hôpital public où on ferme des lits, scandale des masques puis de la vaccination, truquage des chiffres dans l’Éducation… mais les critiques de ce pouvoir ne sauraient en rester là. Ce gouvernement est bien un ennemi des travailleur·es, qui entend détruire tout ce qui fait obstacle aux profits capitalistes : la Fonction publique, les droits sociaux. Sont attaquées aussi :
– l’école publique et ses personnels : liquidation du bac national, suppressions de postes, menaces sur les statuts…
– les libertés fondamentales : loi Sécurité Globale, contrôle des associations… Depuis mars 2020 “l’état d’urgence” sanitaire est maintenu sans rien résoudre ; l’état d’exception permet de piétiner des libertés élémentaires, même celle d’aller et venir… jusqu’à vouloir pérenniser un État autoritaire y compris après la pandémie.
Stopper ces régressions, c’est construire le rapport de force sur des revendications claires… et refuser le “dialogue social” avec le gouvernement, qui cherche à faciliter l’application de sa politique au travers d’incessantes “concertations”.

C’est cette orientation que propose Emancipation.

Un plan d’urgence pour l’école publique !
L’urgence : stopper la pandémie capitaliste et son variant macronien. Le but des Macron et Blanquer est de formater la jeunesse pour les besoins du patronat, et d’avoir une masse de personnels précaires, simples exécutant·es dociles de leur politique. Y faire face, c’est porter des revendications pour répondre aux dégâts causés par la crise sanitaire, et la politique gouvernementale :
– face aux inégalités accrues : baisse des effectifs par classe, créations massives de postes statutaires de toutes catégories, réquisitions de locaux pour plus de classes ;
– le retrait ou l’abrogation de toutes les contre-réformes de Macron, qui malmènent les jeunes et attaquent les statuts des personnels, elles ne sont ni amendables ni négociables : abrogation des “contrats locaux d’accompagnement” qui menacent l’éducation prioritaire. Abrogation de la contre-réforme du recrutement et de la formation. Abrogation aussi de la réforme du bac et du lycée : pour un bac national fondé sur des épreuves terminales et anonymes, des horaires et dédoublements strictement nationaux ; et donc abrogation de Parcoursup, et droit pour les jeunes à la poursuite d’études dans les filières universitaires de leur choix.
– pour stopper la dégradation salariale et la précarité : réemploi et titularisation immédiate de tou·tes les non-titulaires, fin du gel du point d’indice, échelle mobile des salaires et augmentations uniformes en points d’indice ;
– pour revitaliser les vies scolaires : satisfaction des revendications urgentes portées par les récentes grèves des AED et AESH, en revendiquant un vrai statut et aucun licenciement ;
– l’autoritarisme se déchaîne : management méprisant les personnels, intimidations, sanctions disciplinaires… défendons la solidarité collective contre l’individualisation, la liberté d’expression des personnels et usager·es.

Pour une école publique, démocratique et égalitaire
Ce plan d’urgence serait un premier pas vers une école laïque et émancipatrice pour toutes et tous, sans hiérarchie entre les savoirs :
– en formant des esprits libres et critiques, avec les moyens nécessaires (effectifs, dédoublements…) ;
– en garantissant dans un cadre national une liberté pédagogique, qui permet des pratiques fondées sur la coopération et non la compétition. Une telle perspective implique une scolarité sans orientation précoce. Tout jeune doit pouvoir développer ses potentialités dans tous les domaines, et pas seulement son “employabilité”.

Laïcité
La laïcité n’est ni un paravent de la xénophobie, ni une morale “républicaine”, ni une tolérance des intrusions confessionnelles dans les services publics : c’est une condition pour la liberté de conscience et l’égalité des droits, pour la pensée libre. Défendre la laïcité, c’est refuser toute remise en cause de la loi de 1905, abroger tous les dispositifs anti-laïques (loi Debré) et la loi sur les “séparatismes”. Une école émancipatrice et unifiée nécessite la nationalisation laïque de l’enseignement privé sous contrat.

L’action syndicale, pour changer la société !
Redonner espoir aux personnels, c’est développer un syndicalisme pleinement impliqué dans des mobilisations indispensables :
– la défense des libertés démocratiques, en agissant pour l’abrogation des lois et dispositifs liberticides qui se sont accumulés, et notamment la levée immédiate de cet état d’exception qu’est “l’état d’urgence” sanitaire !
– les luttes récentes des travailleur·es, des jeunes, des retraité·es, des précaires, des femmes, des “gilets jaunes”, des occupant·es des ZAD… mais aussi les grèves de 2019 lors du bac, pour l’urgence sanitaire en novembre 2020, grèves des AED et AESH, AG locales et inter-établissements… montrent la volonté de s’approprier et de contrôler les luttes en partant de la base… Le SNES doit partir de cette réalité, favoriser l’auto-organisation et la démocratie dans les luttes par la mise en place d’AG des personnels souveraines qui se coordonnent à tous les niveaux. C’est le meilleur moyen pour que les personnels s’investissent dans leurs syndicats, mais aussi pour avancer vers une société en rupture avec la Ve République et la domination de la classe capitaliste ;
– le SNES doit aussi construire la solidarité entre les personnels et entre les luttes : soutien politique et financier aux secteurs en grève, popularisation des luttes existantes face au silence médiatique, organisation de caisses de grève notamment pour soutenir les personnels les plus fragilisé.es (précaires)…

Féminisme
Les luttes féministes auto-organisées se développent, mettant en avant particulièrement la charge de travail – rémunéré ou non – des femmes, leur rôle central dans la société et leur précarité. Elles posent la question de la grève féministe, qui nécessite la coordination entre syndicats et collectifs.
Dans les établissements, la jeunesse lutte contre le sexisme, les LGBTQIphobies. Le SNES doit former davantage ses responsables, ses adhérent·es et les personnels sur ces questions encore trop peu considérées.

– la lutte contre le racisme et pour l’égalité des droits dans tous les domaines est essentielle : non à la division orchestrée par le gouvernement et l’extrême-droite avec leur campagne sur “l’islamo-gauchisme” ! Unité de tou·tes les travailleur·es, liberté de circulation et d’installation, régularisation de tou·tes les sans-papiers, abrogation des accords honteux contre les migrant·es, accueil de tous ceux et celles qui fuient la misère, la guerre et les dictatures !


Ce syndicalisme est indispensable, mais ne se construira pas sans vous : nous vous appelons à y participer, par votre vote mais aussi par des actes, en rejoignant celles et ceux qui portent une telle orientation pour le SNES.

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