Émancipation


Tendance intersyndicale

Un mois dans le monde – SEPTEMBRE 2021

Déroute idéologique au Danemark

Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays dit l’article 14 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Le Danemark est un des rares pays d’Europe dirigé par la social-démocratie. Le Parlement danois a voté à une large majorité une loi renvoyant en Afrique tou·tes les demandeur·es d’asile. Alors que la Norvège voisine célèbre le dixième anniversaire de la tuerie d’Utoya où le néonazi Breivik avait assassiné des dizaines de jeunes sociaux-démocrates accusés d’islamiser la Norvège, le Danemark accorde une victoire aux idées racistes.

Pérou

L’élection présidentielle s’est jouée à très peu. Le nouveau président, Pedro Castillo, est un ancien syndicaliste enseignant. Le vote a été marqué par un clivage “ethnique” très important. Dans les départements où la population est majoritairement d’ascendance européenne, la droite l’emporte très largement : plus de 60 % des voix à Lima et Callao. Mais dans les régions dites “indiennes”, c’est l’inverse : plus de 80 % des voix pour Castillo à Cuzco ou Ayacucho.

Haïti

L’ancien président Jovenel Moïse était notoirement un mafieux. Son mandat avait expiré depuis longtemps, mais il s’accrochait au pouvoir et laissait le pays livré à des groupes mafieux qui terrorisaient la population. Il est mort assassiné probablement par d’autres mafieux qui ont payé des mercenaires pour donner l’assaut à sa résidence privée. Le dernier tremblement de terre survient alors que le pays n’a ni gouvernement, ni pouvoir central.

Haïti a été le premier pays à se libérer de l’esclavage. Il a subi depuis cette date des occupations militaires impérialistes et il a dû payer pendant 150 ans une « dette » à la France. La population n’a pas réussi à renverser les profiteurs.

Palestine

Il y a 28 ans, les accords d’Oslo n’ont entériné, ni la fin de la colonisation, ni la création d’un État palestinien. Par contre, avec la création de l’Autorité palestinienne, ces accords ont intimé à l’occupé l’ordre d’assurer la sécurité de l’occupant. On entend souvent en Palestine “nous aurions aimé avoir un seul ennemi et pas deux”. Beaucoup de Palestinien·nes n’hésitent pas à comparer Mahmoud Abbas à Pétain et l’Autorité au régime de Vichy. Il y a beaucoup de résistant·es qui ont connu à la fois les prisons israéliennes et celles de l’Autorité.

Nizar Banat était un opposant d’Hébron, candidat à ces élections tant souhaitées partout en Palestine et maintes fois “reportées” par Mahmoud Abbas parce qu’il était sûr de les perdre.

Sévèrement tabassé chez lui par la police palestinienne, il est mort sous la torture. Des manifestations de protestation aux cris de “Abbas, dégage” ont eu lieu dans le monde entier, y compris à Paris.

Israël

C’est une alliance des plus improbables qui a renversé Nétanyahou. On retrouve au pouvoir des meurtrier·es ou des auteur·es d’appels au meurtre (Naftali Bennet, Ayelet Shaked) qui se vantent publiquement de leurs crimes. Pour la première fois, le poste de Premier ministre est assuré par un colon. Ce gouvernement fragile est soutenu par ce qui reste de la “gauche sioniste” (qui a reçu en échange le poste honorifique de la présidence de la république) et par le parti islamiste. Cet attelage, soutenu par la “communauté internationale” continue à voler la terre et à confisquer les maisons. Ayelet Shaked veut expulser l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri. La députée Khalida Jarrar (du FPLP), en détention administrative depuis 2017, n’a pas été autorisée à assister aux obsèques de sa fille.

Pégasus

Israël est devenu le laboratoire mondial de la répression, de l’enfermement des populations réputées “dangereuses” et de la surveillance généralisée. Les technologies de pointe du complexe militaro-industriel se vendent d’autant mieux qu’elles ont été expérimentées contre la population palestinienne. Les pays qui ont établi récemment des relations politiques avec Israël sont très attirés par cette technologie. Les services secrets marocains, en digne héritiers de l’époque où le général Oufkir avait rêvé de remplacer Hassan II, ont sans doute été imprudents en allant jusqu’à espionner Macron ou le roi lui-même. Ils ne sont pas les seuls à éliminer ainsi leur opposition. Parmi les clients de Pegasus, on trouve beaucoup de dictatures alliées d’Israël, comme l’Azerbaïdjan. Dans les pays qui ont bénéficié de cette technologie, les journalistes ont été les premières victimes de la répression.

Afghanistan

Le 24 décembre 1979, l’armée soviétique intervenait « pour sauver les femmes », lors d’un coup d’État d’une faction du PC afghan contre l’autre. Elle était obligée de se retirer en 1987 et l’Union Soviétique n’allait pas survivre à cette défaite.

Le 7 octobre 2001, l’armée états-unienne et ses alliés envahissaient le pays pour venger le 11 septembre et renverser le régime des Talibans. Pendant 20 ans, même les Afghan·es qui refusent l’obscurantisme des Talibans n’ont pas vu dans cette intervention une aide quelconque aux droits humains ou à la démocratie. Au contraire, les Occidentaux ont soutenu des dirigeants corrompus et ont multiplié les « bavures » meurtrières contre la population civile. Sans aucune assise populaire, le régime (intitulé “République Islamique d’Afghanistan”) installé par l’Occident s’est écroulé en quelques jours sans que l’armée afghane, pourtant surarmée par ses protecteurs, n’éprouve la moindre intention de se battre.

Charité chrétienne et peuples autochtones

Des siècles après la controverse de Valladolid, les conquérant·es de l’Amérique ont entrepris de régénérer les “sauvages” qui n’adoptaient pas spontanément l’idée de la supériorité de la civilisation européenne. À qui confier cette noble tâche ? À l’Église bien sûr. On a retrouvé dans un ancien pensionnat de l’Ouest du Canada les ossements de 215 enfants amérindiens, souvent très jeunes. Les ossements ne laissent aucun doute sur les maltraitances subies. Il y avait à l’époque 139 établissements du même genre dans le pays et cet ethnocide a duré de 1890 à 1970. La miséricorde divine est sans limite.

Éthiopie

Le jury qui décerne le Prix Nobel de la Paix aura souvent eu la main très malheureuse. Le choix du Premier Ministre éthiopien Abiy Ahmed n’aura pas fait exception. Cet homme d’affaires adulé par l’Occident a eu l’idée “géniale” de tenter d’écraser militairement le Front de libération du peuple du Tigré qui avait dirigé l’Éthiopie de 1991 à 2018. Les Tigréens forment moins de 10 % de la population du pays. L’invasion de la province par les troupes du Premier ministre a été particulièrement meurtrière et elle se solde par une déroute. L’armée gouvernementale a dû évacuer la plupart des territoires conquis dont la capitale provinciale.

Pierre Stambul


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