Émancipation


Tendance intersyndicale

Un mois dans le monde (mars 2022)

DU CÔTÉ “FÉMINISME”

Afghanistan

La liste des droits et des libertés des femmes afghanes s’amenuise de semaine en semaine. Au cœur de l’hiver afghan très rude, beaucoup de familles qui ont déjà du mal à se nourrir ne disposent pas d’eau courante et n’ont pas les moyens de s’acheter du bois de chauffage ; une des dernières mesures annoncées par le “ministère de la promotion de la vertu et de la répression du vice” serait d’interdire l’accès des bains publics aux Afghanes.

Également, il est désormais interdit aux conducteurs de prendre dans leur véhicule des femmes non accompagnées sur une distance de plus de 70 km. De plus ces femmes doivent respecter “le voile islamique”. Ce dernier a fait l’objet récemment d’une importante campagne d’affichage par les talibans. En signe de protestation sur toutes ces restrictions de leurs droits, des femmes afghanes sont courageusement descendues manifester dans les rues de Kaboul. Courageusement toujours, des professeures ouvrent des classes clandestines pour lutter contre l’interdiction faite aux filles de plus de 12 ans de continuer d’aller à l’école.

Namibie

Dans ce pays d’Afrique australe, l’homosexualité est toujours officiellement interdite (l’Afrique du Sud est le seul pays africain à autoriser le mariage des couples de même sexe et ce depuis 2006). La loi stipule qu’un·e conjoint·e étranger·e légalement marié·e à un·e Namibien·ne a le droit de résider et de travailler dans le pays sans permis. En janvier, deux couples homosexuels ont tenté de faire reconnaître ces mêmes droits pour les couples de même sexe mariés à l’étranger. La Haute cour a refusé. La juge a déclaré être liée par un arrêt de la Cour suprême vieux de vingt ans, interdisant le mariage pour tous en Namibie. Dans une décision longue de 60 pages, elle a toutefois exposé des arguments en faveur de la reconnaissance du mariage pour tous. Les deux couples ont exprimé leur intention de saisir la Cour suprême.

Allemagne

Le nouveau parlement allemand se prépare à abolir une loi datant de 1933 interdisant aux médecins qui pratiquaient l’avortement de signaler le fait qu’ils/elles le pratiquaient. Il s’agit de l’article 219 A du Code pénal allemand. Cette loi avait valu une amende de 6 000 euros à la gynécologue Kristina Hänel en octobre 2018. En 2019, le gouvernement allemand avait voté l’assouplissement de la loi, autorisant les médecins à informer les Allemand·es sur le fait qu’ils pratiquent l’avortement.

Cependant, la publicité sur l’IVG reste interdite et représente toujours un délit passible d’une amende et pouvant aller jusqu’à deux mois d’emprisonnement.

Mexique

Au Mexique, depuis une quinzaine d’années, 60 % des Mexicain·es appartenant à la population en âge de travailler n’arrivent pas à entrer sur le marché du travail formel (chiffres officiels de l’OIT). Des millions de personnes travaillent sans protection sociale, ni couverture médicale. Leurs salaires ne sont pas fixes, le plus souvent versés en espèces. La crise sanitaire a entrainé 12 millions d’emplois perdus dont seulement 1,4 million dans le secteur formel. Ce sont surtout les femmes employées dans le tertiaire, qui ont subi les contrecoups de la pandémie. Un nombre conséquent d’entre elles se sont mises à vendre des produits (savons, gâteaux, masques, broderies…) le plus souvent faits maison en utilisant les réseaux sociaux, ce sont les “nenis“. Ces microentreprises ont envahi les plateformes numériques ; des groupes féministes sont apparus créant de véritables espaces de solidarité. Les “nenis” ont pour la plupart entre 30 et 50, ans. Elles ne dépendent pas d’entreprises extérieures. Elles utilisent leur téléphone portable ou leur ordinateur et s’auto-organisent depuis la création de leur “marque”, en passant par la promotion de leurs produits et jusqu’à la livraison phase ultime non dépourvue de dangers au Mexique. Au-delà de la vente, certaines femmes proposent des ateliers gratuits, d’autres organisent des collectes. En marge du travail formel certes, ces femmes incarnent une économie plus solidaire et féministe.

Chine

Les derniers jeux olympiques d’hiver se sont déroulés à Pékin en février dernier. Qualifiés de “jeux de l’absurde” par certains journaux étrangers, détaillant la mise “sous cloche” des athlètes et des milliers de Chinois·es impliqué·es dans le déroulement de l’événement, la censure et la surveillance omniprésente de tou·tes les protagonistes et l’absence totale de neige naturelle sur les trois sites où se déroulaient les épreuves… Le journal sportif L’Équipe présent à Pékin ne pouvait pas faire moins que de s’enquérir du sort de Peng Shuai, cette joueuse de tennis chinoise qui en novembre dernier avait accusé de viol Zhang Gaoli, ancien vice-Premier ministre et ancien membre du Comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois. Son message avait été immédiatement supprimé et la jeune femme avait disparu ce qui laissait craindre le pire. L’interview s’est déroulée sous haute surveillance, Peng Shuai était accompagnée d’un membre du comité olympique chinois et d’une autre chinoise qui comprenait et parlait français. D’un ton monocorde “presque robotique”, elle a déclaré qu’elle avait elle-même effacé le message et qu’elle n’avait pas disparu. Au sujet de cette affaire d’agression sexuelle, elle évoque finalement “un énorme malentendu” !

De même sans doute que les témoignages sur la tragédie du peuple Ouighour : tortures, travail forcé, rééducation des enfants et des adultes dans des camps d’internement, stérilisations massives des femmes… “des malentendus ou des affabulations”.

États-Unis

Dans le Dakota du Sud, déjà connu pour sa législation restrictive de l’avortement, l’État encadre dorénavant l’avortement médicamenteux. Jusqu’à présent, les femmes recevaient les deux produits utilisés pour un avortement (mifépristone et misoprostol) lors d’une unique visite chez leur médecin ou dans une clinique. Elles prenaient le mifépristone à la clinique et emportaient le misoprostol chez elles, à prendre un jour ou deux plus tard. Selon la nouvelle règlementation, le médecin doit informer la femme qu’“il est possible d’inverser les effets de la mifépristone” si elle change d’avis. Elle devra donc retourner une nouvelle fois à la clinique pour que le misoprostol, lui soit remis en main propre après un nouveau délai de réflexion. Un vrai parcours de combattante.

Joëlle Lavoute


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