Émancipation


Tendance intersyndicale

Notre librairie (mai 2022)

Kate Millett

À la manière d’un roman, Marie Hélène Dumas livre ici la première biographie de celle qui fut une amie de Simone de Beauvoir. Artiste, essayiste, romancière, Kate Millett (1934-2017) est une figure majeure – et souvent oubliée – de la deuxième vague du féminisme états-unien. Tout en construisant une œuvre plastique et littéraire, elle lutte avec les femmes et les minorités sexuelles, se bat contre le racisme, la guerre, la violence personnelle autant qu’instituée, l’homophobie et l’enfermement qu’elle a connus elle-même. En 1970, Sexual Politics, ouvrage pionnier en matière de théorie féministe, la rend célèbre. Elle utilise ses droits d’autrice pour réaliser un film et acheter une ferme à Poughkeepsie (État de New York) où elle créera plus tard une communauté utopique de femmes artistes.

Kate Millett, pour une révolution queer et pacifiste, Marie-Hélène Dumas, éditions Libertalia, mars 2022, 256 p., 10 €.

Les inégalités tuent

Issues de nos modes d’organisation éducative, sociale et politique, les inégalités ont des conséquences multiples, notamment sur la santé. Au milieu du XIXe siècle, un médecin français, Louis René Villermé, fit une découverte qui allait révolutionner les représentations : la durée de vie, ce que l’on nomme aujourd’hui l’espérance de vie à la naissance, est bien moins déterminée par des forces occultes ou la volonté divine que par l’“aisance”, le niveau des revenus et d’éducation, la profession et l’habitat. Les plus pauvres meurent plus jeunes ! La différence d’espérance de vie à la naissance en France est aujourd’hui de treize ans entre les plus pauvres et les plus fortunés. C’est la vocation de cet ouvrage d’expliquer ce que sont les inégalités sociales de santé et de montrer ce qui les détermine afin de tracer quelques perspectives pour y remédier.

Santé Les inégalités tuent, Alfred Spira Nicolas Leblanc, éditions du Croquant, mars 2022, 160 p., 12 €.€

Les arbres doivent-ils pouvoir plaider ?

Par ce texte jusqu’ici inédit en français, Christopher Stone a contribué de façon décisive, aux côtés d’autres comme Rachel Carson, à la prise de conscience de la valeur intrinsèque de la nature. En 1972, pour contrer un projet de la Walt Disney Company qui menaçait une forêt de séquoias en Californie, ce juriste proposa, dans cet article pionnier, d’accorder des droits aux arbres et “à l’environnement naturel dans son ensemble”., L’originalité de sa position tient à son caractère juridique : en conférant aux entités naturelles le droit, dans certaines situations, de se défendre en justice par l’intermédiaire de représentant·es, il ouvre la voie au primat de leur préservation sur le pur calcul économique. Dans une ample préface, après avoir replacé l’article de Stone dans son époque, Catherine Larrère éclaire l’état de la controverse actuelle et livre sa réflexion sur les positions des mouvements contemporains de revendication de droits pour la nature.

Les arbres doivent-ils pouvoir plaider ? Christopher Stone, traduit par Tristan Lefort-Martine, éditions La passager clandestin, avril 2022, 192 p., 15 €.

James Guillaume

Ce livre regroupe 15 contributions d’universitaires et de militant·es libertaires, suite à un colloque organisé par l’université de Genève en 2016 sur James Guillaume, bien connu par sa collaboration avec Michel Bakounine et son livre en quatre tomes L’Internationale. Documents et Souvenirs (1864-1878). Mais on connaît moins son action et son influence en pédagogie. Actif dans de nombreux réseaux politiques et pédagogiques, étroitement lié à Ferdinand Buisson, haut responsable du ministère de l’Éducation nationale en France, James Guillaume part de Suisse pour Paris en 1878. L’enjeu de ce colloque sur “James Guillaume l’émancipation par les savoirs” est de montrer qu’il a été un penseur et un acteur majeur tant dans le domaine politique que pédagogique au tournant des XIXe et XXe siècles, tout en restant dans l’ombre.

James Guillaume L’émancipation par les savoirs, ouvrage collectif coordonné par Jean Charles Buttier, Charles Heimberg et Nora Köhler, éditions Noir et Rouge, mars 2022, 200 p., 22


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