Émancipation


Tendance intersyndicale

Un sujet de Sciences Économiques et Sociales ultra-libéral

Épreuve du BAC

Les épreuves du nouveau Bac version Jean-Michel Blanquer ont lieu pour des centaines de milliers de lycéens et lycéennes. Parmi les épreuves phares, celles de SES, la fameuse spécialité «sciences économiques et sociales», l’une des plus prisées des élèves.

Les enseignant·es ont découvert, avec les élèves, les questions de cette année : un concentré de néolibéralisme.

Catéchisme macroniste

Montrer que le travail est “source d’intégration sociale”, montrer que l’innovation aide à “reculer les limites écologiques de la croissance”, montrer que “l’action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale” a des effets “pervers”, et que “l’approche en terme de classes sociales” est dépassée.

Il ne s’agit pas de discuter ces affirmations, ni de disserter, de donner des arguments et des contre-arguments. Non, les élèves doivent “montrer” que ces phrases de droite sont LA vérité. Que les classes sociales ça ne veut rien dire, que les politiques de justice sociale pour aider les pauvres sont inutiles et dangereuses, et que nous serons sauvé·es de la crise écologique par la Start-Up Nation. Un vrai catéchisme macroniste.

Pourtant, ce sujet de SES n’est pas le véritable problème : c’est tout le programme scolaire imposé par Blanquer et rédigé par ses sbires qui est en cause. Ce sujet scandaleux du Bac de 2022 n’en est que la conséquence.

Un révélateur des nouveaux programmes

Rappelons que la réforme de Blanquer, c’est une attaque sur tous les fronts : sélection accrue avec Parcoursup, éclatement des filières, réduction des moyens d’enseignement, fin de l’interdisciplinarité, réforme des concours de l’enseignement… Tout est passé à la moulinette macroniste ces dernières années. Et au milieu de ce saccage éducatif, les programmes ont changé, et pas qu’à moitié : les sciences économiques et sociales sont dans le viseur des gouvernements depuis des dizaines d’années. Quelle idée aussi de vouloir émanciper les élèves en leur apportant des notions de sociologie et de science politique ! Cela pourrait aiguiser leur conscience et affirmer leurs engagements !

Ce n’est pas un hasard si les réactionnaires du monde entier tapent sur la sociologie, du militaire Bolsonaro qui a fait fermer des filières au Brésil, à Trump en passant par Manuel Valls. En France, Jean-Michel Blanquer a donc chargé ses petits potes lobbyistes de rédiger des programmes bien libéraux, bien capitalistes, bien individualistes. Dès 2018, la principale association de profs de SES, l’APSES, s’était insurgée : https://www.apses.org/petition-programmes/

Aujourd’hui, avec cette première fournée officielle du nouveau BAC, on peut enfin affirmer avec certitude que les craintes des enseignant·es étaient fondées. Finalement, ces sujets n’y sont pour rien, ils ne sont qu’à l’image de Blanquer : un gloubi-boulga capitaliste avec la conscience sociale d’une moule au soleil. Il ne manquerait plus que le terme d’islamogauchisme apparaisse directement dans les sujets et la ressemblance serait parfaite.

Résister au bourrage de crânes

Si ces épreuves sont consternantes, la consternation des profs de SES est déjà là, et depuis longtemps. Pour éviter le bourrage de crâne néolibéral, les enseignant·es devront contourner les programmes de Blanquer et se faire les ennemis politiques d’un système qui veut les broyer. Très risqué. Cette année, Blanquer a nommé Mark Sherringham, un religieux conservateur, comme président du Conseil Supérieur des Programmes. Il est chargé d’imprimer “une marque idéologique” sur les programmes scolaires… Et gare à qui veut résister : Macron a promis de conditionner le salaire des professeur·es à leur soumission à l’institution et de casser leur statut protecteur !

Jean-Michel Blanquer va quitter d’ici peu son ministère. Sa mission est terminée : l’Éducation nationale est détruite, plus personne ne veut devenir professeur·e, les lycéen·nes sont plus angoissé·es que jamais, les programmes sont transformés en propagande de droite. Tout est prêt pour une privatisation progressive. Comme partout, il va falloir résister.

N. R.


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