Émancipation


Tendance intersyndicale

Éditorial revue n°02 (octobre 2022)

Pap Ndiaye pas mieux que Blanquer

Dans plus de 60 % des collèges et des lycées, la rentrée a eu lieu avec au moins un poste d’enseignant·e non pourvu, c’est même le SNPDEN * qui l’écrit ! Cette pénurie est la conséquence des suppressions massives de postes sous Sarkozy, poursuivies par Macron depuis 2017. L’embauche de contractuel·les répandue dans le second degré s’est aussi étendue au premier degré, avec mise en scène de “job dating” dans de nombreuses académies. Cela dicte l’urgence des revendications : titulariser immédiatement les contractuel·les en poste, les former et augmenter le nombre de postes aux concours. Et aussi retirer la réforme du recrutement et de l’année de stage qui crée des conditions d’exercice des stagiaires différentes suivant les parcours, avec des débutant·es à 18h devant élèves.

Macron prétend étendre l’expérimentation Marseillaise de déréglementation sur l’“école du futur”, où les directeurs et directrices d’école, collège et lycée pourraient recruter eux et elles-mêmes les enseignant·es. De nombreuses annonces sur les collèges et la voie professionnelle ont, en plus, émaillé le mois de septembre. Macron veut pousser les élèves vers l’apprentissage dès la 5ème par des demi-journées hebdomadaires d’orientation. Il entend réformer à nouveau la voie professionnelle, alors que la dernière réforme n’est même pas terminée, en augmentant la durée des stages et en diminuant encore les horaires disciplinaires, en vertu de décisions locales. La volonté est donc bien d’avoir une classe d’âge ayant uniquement des connaissances et compétences pour leur activité, apporter de la main d’œuvre à bas coût aux entreprises et des citoyen.nes moins formé.es à l’esprit critique.

La rentrée a aussi démarré avec la suspension sans motif de notre collègue, Kai Terada, du lycée Joliot Curie de Nanterre. Les enseignant·es du lycée se sont mis·es en grève reconductible. De nombreuses actions sont menées avec la création d’une caisse de grève, la tenue d’AG locales, régionales et nationales, des rassemblements. Le rectorat prétend vouloir maintenir la “sérénité” dans le lycée, par cette répression qui n’en serait pas une puis par une mutation dans les Yvelines, avec rupture de ses mandats syndicaux exercés dans les Hauts-de-Seine.

Cette répression antisyndicale et contre toute forme de mobilisation est dans la continuité de celles systématisées sous Blanquer avec la loi pour l’école de la confiance. 25 collègues, au moins, ont ainsi été suspendu·es, muté·es et même exclu·es temporairement. Les procédures des rectorats sont partiales, expéditives et même désavouées par les conseils de discipline. La répression continue, Pap Ndiaye serait, d’après le rectorat de Versailles, intervenu “pour apaiser, en mettant fin à la suspension de Kai et en le mutant dans l’intérêt du service”. Le ministère veut ainsi intimider et faire cesser toute velléité d’organisation, de contestation parmi les enseignant·es.

Dernière perle du mois de septembre, le ministre Pap Ndiaye envoie une lettre aux enseignant·es et aux élèves pour annoncer le maintien des épreuves de spécialités en mars, et, pied de nez à tous les professeur·es qui préparent depuis des mois leur progression, que les programmes seraient “resserrés”… début octobre.

Transformons la peur de la profession de ne pas avoir commencé les programmes par le bon côté, d’être muté·es pour la sérénité, d’être reclassé·es car les filières sont remaniées, en colère organisée et construite contre une politique libérale qui casse l’école publique et ses personnels.

Marine Bignon


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