Émancipation


Tendance intersyndicale

Chronique des sexismes ordinaires (Revue n°05 de janvier 2023)

Les Parleuses “bâillonnées”

Le 9 décembre dernier, alors que le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, venait à Nice pour le lancement du projet de l’hôtel des polices, la vitrine de la librairie Les Parleuses située juste en face a été recouverte d’un grand rideau noir. Ce drap noir apposé par les forces de police était là pour cacher les messages militants à l’intérieur de la vitrine : “Violeurs on vous voit – Qui sème l’impunité récolte la colère”. Les deux femmes libraires sont connues pour leurs choix éditoriaux particulièrement engagés ; les violences faites aux femmes et aux minorités leur tiennent à cœur.

Les collages bâchés par les forces de l’ordre, faisaient suite à la venue d’Hélène Devynck, la journaliste autrice de l’ouvrage Impunité, où elle traite de l’affaire PPDA. Hélène Devynck, s’est d’ailleurs associée aux deux libraires pour saisir la justice afin de faire reconnaître ce qui s’apparente à de la censure, toute à fait illégale.

Que ce soit la ville de Nice ou bien les services de la police nationale qui aient donné l’ordre de faire disparaître les slogans, c’est un acte grave qui laisse présager de bien sombres menaces sur la liberté d’expression : les slogans bâchés, est ce que les essais dérangeants les personnes du gouvernement mis en cause dans différentes affaires de viol, seront frappés d’interdiction ?

Joëlle

Licenciement suite à une blague sexiste

Après avoir fait une blague sur les femmes battues, réitérée quelque temps plus tard, un animateur de télévision a été licencié pour faute grave. Celui-ci a contesté son licenciement en invoquant sa liberté d’expression en sa qualité d’humoriste notamment.

La cour de cassation en a jugé tout autrement en invoquant que le salarié était tenu par son contrat de travail de respecter une charte qui lui imposait de ne pas tenir de propos de haine ou de mépris notamment pour des motifs fondés sur le sexe. Le fait de tenir des propos sexistes constituait bien une faute du salarié dans l’exécution de son contrat de travail.

Les juges ont également considéré que “l’impact potentiel des propos réitérés du salarié, reflétant une banalisation des violences à l’égard des femmes, sur les intérêts commerciaux de l’employeur, que cette rupture n’était pas disproportionnée et ne portait donc pas une atteinte excessive à la liberté d’expression du salarié”.

Dans Solidaires et égales n°29

Femmage à Margaret Maruani

Nous avons appris avec une grande tristesse le décès de Margaret Maruani survenu cet été.

Sociologue, directrice et fondatrice du MAGE (Marché du Travail et Genre), elle a croisé sociologie et genre appliqué aux questions du travail et de l’emploi et ses recherches ont fortement contribué à faire avancer l’égalité. C’est aussi l’une des premières à faire entrer le champ des études de genre dans les institutions.

Le MAGE a dit d’elle: “Impulsant une recherche féministe, à la fois libre et engagée, elle savait communiquer son enthousiasme tout en étant remarquablement efficace pour organiser et fédérer les énergies”.

Elle avait participé aux Intersyndicales femmes, et son petit Que sais-je ? sur “emploi et travail des femmes” a été un des ouvrages sur lequel les camarades de la commission femmes de Solidaires se sont basées pour créer les premières formations “femmes”.

Dans Solidaires et égales n°28


par

Étiquettes :

Commentaires

Laisser un commentaire