Après la grande grève sur les retraites, rien ne doit plus être comme avant
Reconstruire le rapport de force sur les retraites, les salaires, le PACTE…
Ce qui suppose que les directions syndicales
– tirent un bilan du mouvement sur les retraites, dans l’échec duquel l’intersyndicale nationale a une responsabilité majeure ; comme de la révolte et de la répression violente des jeunes des quartiers populaires, qu’une partie de l’intersyndicale a ignoré, pendant que l’autre s’en saisissait, mais sans offrir vraiment de perspectives d’actions.
– évitent la démobilisation et le découragement (comme en 2003), en se donnant les moyens, comme le demande l’appel “Ne tournons pas la page !”, de reconstruire le rapport de force (abandon des concertations avec le pouvoir, grèves dès la rentrée, reconductions, coordinations, initiatives de centralisation…). Bien entendu sur les retraites, mais aussi sur l’austérité pour les salaires et les services publics, sur le boycott du pacte, la réforme du bac, des lycées pro, des collèges. Et également sur les discriminations et le racisme et contre le développement des idées, des partis et des milices d’extrême droite.
Émancipation tendance intersyndicale va œuvrer à la reconstruction du rapport de force syndical, dans toutes ses dimensions anticapitaliste et antifasciste de lutte et de transformation sociales :
– internationaliste, avec le renforcement de son activité dans le Réseau international de solidarité et de lutte ; avec sa participation à la réunion du RSISL et au congrès de CSP Conlutas début septembre au Brésil ; avec son soutien à la résistance du peuple ukrainien contre l’invasion russe, à partir de ses textes de consensus de juin 22 et mai 23 et à celle du peuple palestinien dans sa lutte contre le régime d’apartheid, de remplacement ethnique et de répression de l’État israélien ;
– antimilitariste, notamment par une participation renforcée au collectif national contre le SNU, à la mise en place et la participation à des collectifs SNU locaux, et par l’organisation d’un stage syndical antimilitariste…
– féministe, entre autres par sa commission femme non mixte, la féminisation de ses textes et de sa Revue, L’Émancipation syndicale et pédagogique (qui contient une rubrique de dénonciation du sexisme ordinaire et dont le numéro du 8 mars est exclusivement réalisé par des femmes), ainsi que par un travail sur les pédagogies anti- sexistes, et la participation à la coordination nationale féministe. Une commission de réflexion collective sur les rapports de domination sexiste, au sein d’Émancipation va réunir les camarades hommes ;
– écologique, par le renforcement de ses pratiques, stages et pédagogies écosyndicalistes, et par son investissement dans les comités locaux de soutien aux Soulèvements de la Terre et dans le réseau écosyndicaliste.
Émancipation tendance intersyndicale défend une orientation globale et cohérente dans les syndicats et les mouvements sociaux :
– auto-organisation et lutte des personnels à la base, avec les AG de personnels et le contrôle des luttes par les AG. La modalité d’action fondamentale du syndicalisme reste la grève, et particulièrement la grève reconductible ;
– nécessité d’une perspective nationale et intersyndicale pour éviter l’isolement des luttes, pour coordonner les luttes locales, en s’appuyant sur les secteurs les plus mobilisés ;
– refus du “dialogue social” et de la collaboration de classes ;
– nécessité de revendications visant à l’unification des luttes. La plateforme d’Émancipation comprend non seulement le combat contre la politique de ce gouvernement et l’abrogation de ses contre-réformes, ainsi qu’un projet d’école égalitaire et émancipatrice mais aussi des revendications dans la perspective d’une unification par le haut des conditions de travail, des statuts et des salaires des personnels, le réemploi et la titularisation immédiate de tous les non titulaires, des augmentations uniformes de 400 € en points d’indice, la baisse généralisée du temps de travail et des conditions de travail décentes (baisse des effectifs, indépendance pédagogique individuelle et collective, renforcement des prises en charges spécialisées,…) ;
– convergence systématique avec les luttes prétendument extra-syndicales (écologistes, féministes, gilets jaunes, mobilisations de la jeunesse…) ;
– indépendance syndicale face à l’État, à l’administration et au patronat, mais aussi refus d’associer les organisations syndicales aux diverses perspectives d’union de la gauche et d’alternance électorale. Ce qui n’empêche pas d’agir en commun sur des points précis dans le cadre des mobilisations ;
Cette orientation cadre l’activité des militant·es d’Émancipation dans les différentes structures où iels interviennent et qu’iels s’efforcent de rendre complémentaires :
1) dans les AG unitaires de personnels, syndicales, intersyndicales ou interprofessionnelles sur les lieux de travail, qui décident souverainement leurs revendications et formes de luttes.
2) dans les syndicats de la FSU, où Émancipation existe en tant que tendance organisée et participe aux instances syndicales, secteurs et congrès, en fonction de leur intérêt et du temps militant nécessaire pour les autres investissements de la Tendance.
Dans la FSU, l’intervention d’Émancipation vise à développer sa plateforme en lien avec les éléments d’actualité, elle ne saurait se limiter à des points ponctuels car notre désaccord avec la direction de la FSU est un désaccord global d’orientation comme de fonctionnement (fédération de syndicats nationaux de catégories). Elle ne dissocie pas les éléments, rappelés ci-dessus, qui structurent son texte d’orientation soumis aux syndiqué·es FSU.
3) Dans la CFDT, la CGT, FO, l’UNSA, Solidaires, l’intervention définie ci-dessus va être renforcée, avec une meilleure coordination dans les Collèges (réunions nationales d’Émancipation) et au niveau de l’Équipe responsable, conformément au fait qu’Émancipation est une tendance intersyndicale.
4) dans les structures auto-organisées, qu’Émancipation contribue à mettre en place ou auxquelles elle participe : collectifs intersyndicaux, interprofessionnels, de soutien aux jeunes des quartiers populaires, aux exilé·es et à tou·tes les autres exclu·es…
5) en soutien et contribution accrus aux structures et réseaux qui combattent au quotidien, sur le terrain, les politiques d’agression néolibérales, dont Macron s’est fait une spécialité, comme par exemple la Chapelle Debout ou XR. Et bien sûr le collectif contre la répression dans l’éducation et la Coordination antirépression-legal team… Ce qui suppose à contrario de traiter comme des ennemis de classe les syndicats de policiers et les pseudos syndicats agricoles au service de l’agro-business.
Le local national de l’EDMP, récemment aménagé et rénové, permettra dans le cadre du fonctionnement coopératif de l’association EDMP, de favoriser l’orientation ainsi définie, tout comme la revue L’Émancipation syndicale et pédagogique dont la diffusion de sa version papier sera confortée par une version numérique à partir de décembre 2023.
Assemblée générale statutaire
d’Émancipation Tendance intersyndicale,
le 14 juillet 23