Émancipation


Tendance intersyndicale

Intervention Émancipation congrès académique Dijon (15-16/02/2024)

Sur la caractérisation des attaques du gouvernement à tous les niveaux et en particulier sur la loi immigration nous partageons l’analyse du S3, mais nous pensons qu’il faut en tirer des constats allant bien plus loin sur le gouvernement. Le vote de la loi Darmanin avec les voix du RN, la caractérisation d’éco-terroristes et les répressions des manifestations écologistes et syndicales montrent l’extrême droitisation du gouvernement et qu’il prête une oreille attentive au RN.

Par ailleurs, nous avons été largement occupés il y a un an sur la réforme des retraites. Si on fait un bilan du mouvement, en particulier en Côte d’Or :

  • ce mouvement a été exceptionnel : des manifestations d’ampleurs, qui ont permis d’obtenir la revendication du retrait de la réforme de l’intersyndicale
  • une contestation du gouvernement sous différentes formes, dont des manifestations spontanées, des casserolades qui exprimaient une profonde colère
  • une adhésion populaire

Mais, on n’obtient RIEN. On ne peut donc pas dire que c’était une victoire.

Si on ne crée pas une stratégie gagnante, on a perdu pour des années.

Il faut donc questionner la stratégie syndicale :

  • des journées d’actions éparpillées : au moins 10 ; des actions de tractages et de blocage
  • des moments auraient pu être des moments de rupture :
  • dès la semaine suivant le 19 janvier
  • la semaine du 7 mars aussi
  • ou mettre à profit la colère lors du passage au 49-3
  • et même continuer après le 1er mai

A chaque date, il y aurait pu avoir un basculement, qui aurait pu être provoqué par une stratégie de confrontation avec le gouvernement.

Si la reconduction n’était pas appelée par l’intersyndicale, certains syndicats la soutenaient. On nous a dit : il faut que la reconduction soit décidée par les AG donc on ne fait pas d’appel explicite. Soit, dans ce cas le SNES doit s’investir dans les AG, les construire et construire le mouvement par la base.

Par ailleurs, on nous a aussi dit qu’il y avait une réticence à la grève, interrogeons nous sur cette rumeur : combien de collègues auraient voulu faire les 10 jours de grève d’affilée, à l’appel des syndicats : beaucoup ! Au syndicat de guider les travailleurs.euses dans leur action, s’ils.elles s’en remettent aux syndicats, ce qui a été le cas dans ce mouvement.

Et on voit avec la remobilisation dans l’éducation nationale le 1er février que les collègues contestent leurs conditions de travail  et veulent des augmentations salariales. Une journée de grève n’a pas suffi, celle du 19 mars ne suffira pas. Il faut mettre en place un plan, avec, dans les tuyaux, annoncer 4 à 5 jours de grève à minima puis mettre en débat la reconduction.

Si on regarde les mouvements dans les services publics des derniers mois dans différents pays, cette stratégie est gagnante : au Québec 21 jours de grève et 17,4 % d’augmentation sur 5 ans, au Canada, et surtout à Los Angeles avec 5 jours de grève et 30 % d’augmentation immédiate.

Marine Bignon, le 15 février 2024


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