Émancipation


Tendance intersyndicale

Intervention Émancipation congrès académique Créteil

Intervention sur l’ordre du jour :

A la CA académique de lundi, j’ai demandé que des initiatives du congrès en soutien à la grève reconductible du 93 soient prises. Le secrétariat m’a répondu qu’on ne pouvait savoir où en serait la reconduction de la grève. A à présent nous savons tous, les médias et le pouvoir aussi que cette grève reconductible du 93 tient et se propage à de nouveau établissement ce qui n’est pas sans rappeler la dynamique de 1998. En conséquence il est de la responsabilité du SNES académique et donc de notre congrès de soutenir par tous les moyens cette grève en apportant dans les AG des messages de soutien, en organisant la participation du congrès à des actions de popularisation, en appelant à étendre le mouvement… je propose donc qu’on consacre au plus vite un temps plus long en séance plénière sur l’action au lieu d’une commission de quelques personnes en parallèle des débat. Acceptation de la tribune, mais plutôt pour vendredi.

Intervention liminaire au titre de la tendance Émancipation

Heureux de vous retrouver !

Je ne veux pas casser l’ambiance…

Mais les fugaces tribulations d’AOC au ministère de l’Education, le scandale du vote de la loi Darmanin et les révoltes du monde agricole, confirment la banalisation et la poussée de l’extrême droite, du poison qu’elle véhicule dans les esprits et, de plus en plus, dans la rue, dans les médias et les réseaux sociaux, dans les institutions dites républicaines et dans les établissements scolaires privés grassement subventionnés par l’Etat et les collectivité … Les bas calculs électoraux des LR et de la macronie, plus droitière que jamais, font le lit du RN, avec le retour des idéologies et des recettes réactionnaires de grand-papa partout, à commencer par l’école, la ségrégation sociale, l’immigration. En face l’électoralisme et la division de la gauche parlementaire ne permettent pas de s’opposer efficacement à l’extrême droitisation du débat politique. Cette Lepenisation de la société est d’autant plus grave qu’en Europe et dans le monde, les idéologies fascisantes s’affichent de plus en plus et accèdent au pouvoir dans de nombreux pays. Avec les manifestations extrêmes que sont les guerres et massacres de masse du tyran Poutine et du gouvernement d’extrême droite supprémaciste, raciste et colonialiste de Netanyahou.

Dans un tel contexte, pour continuer de servir les intérêts des personnels et pour survivre, le SNES doit abandonner les schémas de stricte défense corporatiste des métiers et aussi la vaine espérance d’une reconnaissance de représentativité qui ferait peur au pouvoir. Le dialogue social n’est qu’une illusion présentée par les gouvernements pour donner à croire qu’ils n’imposent pas seuls leurs oukases. Et aussi pour faire perdre du temps aux militants syndicaux qui croient encore que les mini reculs dont iels se targuent n’étaient pas programmés à l’avance par un pouvoir moins bête qu’il n’a été, secondé par des cadres intermédiaires serviles et un nouveau management dont il ne faut pas sous évaluer la perniciosité.

Voyons plutôt comment le syndicalisme peut contribuer à organiser la résistance à cette vague brune. Pas seul, certes, mais avec un rôle prépondérant du fait de sa structuration aussi bien nationales et régionale que locale et de sa capacité à entretenir des relations avec les usagers -pour l’éducation les parents d’élèves, les lycéen.nes et étudiant.es- et avec les collectifs et les associations de quartiers. Relations qui d’ailleurs devraient être renforcées pour favoriser la mise en place de fronts antifacistes à tous les niveaux.

Pour résister, le syndicalisme dispose d’atouts :

-Il y a d’abord la défense quotidienne des travailleuses et travailleurs. Certes celle-ci en a pris un sacré coup dans la fonction publique avec la perte de l’essentiel des prérogatives des commissions paritaires, la généralisation de la précarité et le démantèlement des statuts… Autant d’attaques que Guerini annonce vouloir amplifier avec sa grande réforme d’une fonction publique méritocratique et des concours, dont le SNES tarde à demander le retrait. Autant d’attaques en face desquelles notre syndicat doit faire preuve de sa combativité, notamment dans la bataille pour la titularisation des précaires et celle sur la formation initiale des enseignantes. Surtout si des rapprochements sont espérés avec la CGT ou Solidaires, qui sont plus avancés que le SNES sur ces aspects.

Le RN s’approprie de plus en plus les revendications sociales. Le SNES ne doit donc pas rater une occasion de dénoncer le double langage de ce parti, qui ne cesse de se présenter comme le meilleur défenseur du monde du travail, alors que ses votes attestent de son soutien indéfectible à l’exploitation capitaliste. Mais aussi, et c’est peut-être le plus important, notre syndicat doit se donner les moyens de clarifier et d’unifier revendications et formes de luttes, pour en finir avec les échecs, qui entretiennent le terreau sur lequel prospère l’extrême droite : particulièrement l’échec de l’intersyndicale sur les retraites, qui pèse énormément sur les mobilisations et notamment sur l’échec du 6 février, après le succès du 1er. Ce congrès peut être l’occasion d’avancer dans ce sens.

Des exemples très concrets et actuels permettront de mieux comprendre : un nombre significatif d’établissements du 93 est en grève reconductible ce qui était annoncé avant les vacances. Le soutien intersyndical est acquis notamment du SNES. C’est une bonne chose. Mais le syndicat aurait pu faire plus, par exemple proposer aux deux autres départements de tenir des AG en cette rentrée pour évaluer les possibilités d’extension de la grève ou, à défaut, de soutien au mouvement. Ou encore voir s’il n’était pas possible d’appeler à une AG régionale, vues les annonces de grèves dès le 26 sur Paris et dans l’académies de Versailles. Ou encore activer d’urgence la caisse de grève et l’appel à contribution. Et en tout état de cause consacrer à l’action dans ce congrès une partie de débat plus importante en plénière, plutôt que dans une commission limitée en parallèle avec les débats.

Les réticences à étendre le mouvement de grève au-delà du 93 me rappelle celles du S4 en 1998 qui, après avoir voulu accepter cent fois moins que ce que l’AG des grévistes à arraché un mois et demi plus tard, s’est décidé à appeler à l’extension du mouvement de Seine Saint Denis… une fois que celui-ci était quasiment terminé, avec une couverture de l’US titrée « le 93 nous montre la voie »… avec en fond la photo d’un mur. Quel acte manqué. Ceci dit, période est encore plus difficile qu’en 98 et entre nous soit dit, que des bahuts se battent pour le plan d’urgence 93, pour une dotation décente ou contre le choc des savoirs, l’important c’est qu’ils se battent ensemble. Charge à ceux qui sont plus sur le plan d’urgence de revendiquer un collectif budgétaire pour que les moyens arrachés ne soient pas des redéploiements, quitte a ne pas l’obtenir, comme nous en 98, charge aux autres d’expliciter leur soutien au 93. Et charge à ceux qui ne font pas grève d’organiser le soutien financier. Le SNES doit expliquer tout cela pour éviter des tensions inutiles, comme dans l’AG inter-établissements des Lilas.
La lutte contre l’offensive réactionnaire (la pire depuis 50 ans pour rester dans ce que j’ai connu comme prof ) ne doit pas se limiter à la question de l’abandon des groupes de niveaux, la dégradation des règles du redoublement, la classe de préparation à la seconde pour les recalés du DNB, la labellisation des manuels sont également des mesures dont il faut exiger le retrait au même titre que l’uniforme, le stage de seconde ou la réforme de l’enseignement pro. Sans oublier l’ensemble des mesures Blanquer sur le lycée et le BAC. Sur le SNU, lors du dernier BDFN de la FSU, benoît Teste nous a annoncé que la Fédération rejoignait le collectif anti-SNU unitaire national, le SNES Créteil peut donc le faire au niveau du collectif IDF.

-mais le syndicalisme a un autre atout pour contrer la fascisation ambiante, c’est le projet de société dont il est sensé être porteur, tout au moins quand on lit les statuts des différentes organisations syndicales. Et justement ce projet de société c’est ce qui peut aussi permettre de lutter contre la désespérance, la perte de sens dans le travail ou dans la vie, autre levier du fascisme. Ce n’est pas nouveau puisque la première référence à cette double besogne syndicale de défense au quotidien et de construction de la société future date du congrès CGT d’Amiens en 1906, mais c’est d’une actualité brûlante.

Si le syndicalisme plafonne c’est du fait de sa division et ses nombreux échec mais c’est aussi parce qu’il ne fait plus rêver. Il est essentiel de réinsérer plus le syndicalisme de métier dans les réflexions, les aspirations et les combats sociétaux, écologiques, féministes ou pour l’avenir du monde, autant de sujets qui apparaissent encore trop souvent comme un supplément d’âme, mais qui doivent être au cœur du projet syndical de transformation sociale. Et de ce point de vue le S3 devrait déplorer la disparition dans les textes préparatoires du thème 3, où étaient regroupées les alternatives.

Là aussi je fonderai mon propos sur des échéances concrètes et actuelles.

Samedi, c’était le deuxième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine avec déjà 500 000 morts. Ce qui doit nous inciter à renforcer notre soutien à la résistance du peuple ukrainien, mais pas à la façon va-t-en-guerre de Macron. Et aussi à resserrer les liens avec les syndicats pour les soutenir dans leur lutte contre les attaques sur les droits et le acquis sociaux de la part du gouvernement et des oligarques.

Jeudi 7 mars on entamera à Gaza le 5ème mois de l’effroyable riposte israélienne suite aux massacres du Hamas, avec les crimes de guerre et contre l’humanité qui s’apparente à un génocide et qui impose d’intervenir encore plus pour le cesser le feu immédiat, l’application du droit international et des résolutions de l’ONU. Nous devons réfléchir au niveau du SNES Créteil sur la façon de renforcer les appels « Stop Arming Israël » que soutiennent le SNES et la FSU au niveau national et l’éducation pour gaza qui mobilise bien dans le 93 et le 94, avec peut-être déjà un soutien académique.

Vendredi 8 mars il y a enfin un appel intersyndical large à la grève féministe. Je pense que notre congrès doit voter un appel unanime aux syndiquées et aux Personnels à s’inscrire dans ce mouvement.

Entre le 16 et le 23 mars, les marches pour l’égalité appellent à des actions pour la régularisation de tous les sans papiers et contre la loi Darmanin. A ce sujet j’aimerai insister sur la nécessité d’éviter les doublons -pour ne pas dire la concurrence- entre des cadres unitaire des collectifs et associations de lutte et des cadres intersyndicaux avec des associations ayant pignon sur rue pour des raisons historique.

Enfin je dirai un mot sur le salon de l’agriculture, où se sont nouées les colères du monde agricole, où le pouvoir s’est ridiculisé et où il serait intéressant que les établissements en lutte se rendent, afin de faire connaître la solidarité des personnels de l’éducation nationale à l’agriculture, mais pas n’importe laquelle : l’agriculture paysanne respectueuse de la terre, de la biodiversité et de la qualité de l’alimentation..

Olivier Vinay, le 28 février 2023


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