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Les étudiant·es ukrainien·nes lancent un appel aux étudiant·es de France

Depuis le début de l’invasion de l’armée de Poutine, nombre de ceux qui ont organisé des manifestations en temps de paix sont maintenant engagés volontairement aidant les forces armées et les civils, ou dans les rangs de l’armée ukrainienne. Confrontés aux difficultés des conditions de vie et d’étude, les étudiants ont néanmoins reconstitué leur syndicat Priama Dia (Action directe) (cf. l’article dans le numéro de la revue de mars 2022). En dépit des restrictions de la loi martiale, ils veulent pouvoir exprimer leurs positions, défendre leurs revendications pour le respect de leurs droits.

Nous publions ci-dessous leur message. Leur combat est aussi le nôtre, celui de la jeunesse étudiante et du corps enseignant.

Hélène Bertrand

Les étudiant·es ukrainien·nes lancent un appel aux étudiant·es de France

Depuis le 24 février 2022, les étudiant·es ukrainien·nes vivent une guerre qu’ils/elles n’ont pas voulue en raison de l’agression impérialiste de la Fédération de Russie contre l’Ukraine. Beaucoup d’entre nous ont perdu leurs parents, leurs sœurs, leurs frères et leurs ami·es dans les bombardements. Certaines de nos universités ont été détruites. Des milliers d’étudiant·es ont dû fuir l’endroit où elles et ils vivaient, étudiaient et trouver refuge dans d’autres villes, sans logement et sans ressources. Pire, des étudiant·es vivent sous occupation russe, soumis·es à la terreur. Les autorités russes les obligent à prendre un passeport russe et à travailler pour quelques centimes sans aucune garantie.

Nous vivons dans la peur de tout perdre, y compris notre vie lorsque les sirènes retentissent.

En plus de cette situation dramatique, la politique du gouvernement ukrainien à l’égard des étudiant·es ne tient pas compte de notre situation. Pour des raisons d’économies budgétaires et de magouilles, il ferme les universités les moins rentables avec leurs dortoirs qui accueillent habituellement des étudiant·es réfugié·es. La répartition des ressources financières entre les universités est opaque et on peut penser que la corruption règne au sein du ministère de l’éducation. Le ministre de l’éducation a récemment démissionné.

Pour défendre nos droits et nos conditions d’études et de vie, nous avons créé le syndicat étudiant Priama Diia (Action directe). Par ailleurs, tous les problèmes qui existaient avant le 24 février 2022 demeurent : abus de pouvoir de la part des administrations universitaires, discrimination, corruption, décisions néfastes du ministère de l’éducation et des sciences envers les étudiant·es, demandes de frais supplémentaires de scolarité ou excessifs, etc. Ces derniers mois, en raison de ces menaces, les tensions sociales avec les étudiant·es ont conduit à plusieurs campagnes de protestation, dont les plus importantes ont été l’action pacifique des étudiant·es de l’Académie ukrainienne de l’imprimerie à Lviv contre la réorganisation de l’université et le mouvement Students UA, qui se bat pour le droit des étudiant·es ukrainien·nes dans les universités étrangères de partir à l’étranger pour poursuivre leurs études. Les militant·es de Priama Diia ont participé à ces deux campagnes.

En raison de la guerre, d’une part, et de la politique néolibérale des autorités ukrainiennes, d’autre part, la situation sociale des étudiant·es ne cesse de se dégrader.

C’est pourquoi notre syndicat d’étudiant·es ukrainien·nes souhaite ouvrir un dialogue avec les étudiant·es de France et leurs organisations. Nous avons besoin de votre solidarité. Notre syndicat est basé sur les principes de solidarité avec les groupes opprimés et exploités dans notre pays et au niveau international.

Nous avons besoin de votre solidarité !

Maksym Shumakov, 10 avril 2023

Coordinateur du syndicat d’étudiant·es Priama Diia (Action directe)