Émancipation


Tendance intersyndicale

Interventions Émancipation à la commission administrative nationale du SNES (janvier 2024)

Intervention dans le débat général

Pour Emancipation, nous sommes dans une année qui commence sous le signe de la crise : même la Banque mondiale prévoir que 2014 sera l’année économique la plus difficile depuis la crise de 2008. Qui dit crise économique, dit aussi instabilité politique et sociale d’une part, mais aussi crise écologique d’autre part.

Dans ce contexte, il y a un élément symptomatique de la situation. Cet élément, c’est la Cour internationale de justice qui examine la plainte de l’Afrique du sud, pays de la lutte contre le racisme et l’apartheid, contre l’Etat colonial israélien et ses crimes. Il est symptomatique qu’aujourd’hui certains droits humains et certaines valeurs universalistes soient portées par un pays du Sud, et non par des Etats occidentaux qui se targuent de leur supposé modèle démocratique.

De fait, dans les Etats capitalistes développés, on voit une volonté de faire face aux rivalités économiques, avec des politiques qui sont globalement les mêmes. A savoir :

– le développement du nationalisme et l’augmentation des budgets militaires ;

– à l’extérieur, la réaffirmation de l’impérialisme néo-colonial (ce qui explique l’absence totale de sanction contre l’Etat israélien) ;

– à l’intérieur, des politiques de division et de répression, notamment en attaquant la frange du monde du travail issue de l’immigration. De ce point de vue, l’opposition classiquement faite entre libéraux et extrême-droite apparaît comme de moins en moins pertinente : de ce point de vue, il y a plutôt un continuum entre ces courants politiques. Dans cette situation, la loi immigration constitue un enjeu très important, de ce point de vue la politique de division de l’appareil de la CGT vis-à-vis des collectifs de sans-papiers est déplorable ; j’espère que le rapprochement dont on parle avec la CGT ne se fera pas sur la base de telles pratiques bureaucratiques.

Le remaniement ministériel récent confirme l’orientation du pouvoir sur ces questions. De ce point de vue, le mécontentement qui se focalise sur la ministre, nous devons dire qu’il est légitime, et l’alimenter : cette ministre montre publiquement ce qu’est réellement la bourgeoisie, ce qu’elle pense des classes populaires et des services publics.

Mais plus globalement, la situation à laquelle nous sommes confrontés exige de penser une stratégie qui ne cloisonne pas les secteurs et les problématiques… mais articule toutes les dimensions, des problématiques internationales jusqu’aux préoccupations du second degré en France, en passant par les questions de Fonction publique, de l’antiracisme, de l’écologie, du féminisme… et cela commence par une discussion d’actualité : face au « choc des savoirs », comment organiser la lutte pour le retrait de toutes les contre-réformes ministérielles ?

Intervention Emancipation sur l’action

Nous avons fait hier la caractérisation du gouvernement Macron depuis son élection en 2022. Force est de constater que Macron sert les intérêts des capitalistes et c’est en ce sens qu’il faut le combattre. Ce monde, servi par Macron ouvre perpétuellement de nouveaux conflits armés, colonisateurs qui profitent aux géants de l’armement, il dépouille les travailleurs de leurs acquis sociaux, conquis par la grève et la lutte.

La loi xénophobe de Darmanin est un marqueur de l’extrême droitisation du gouvernement et elle doit être combattue en appelant à la manifestation du 21, comme cela est fait, mais aussi aux mobilisations du 25 et des jours suivants, jusqu’au retrait du texte entier. On ne pourrait se satisfaire d’une censure partielle du conseil constitutionnel.

Dans la fonction publique, les annonces successives de Guérini montrent d’ores et déjà que la loi entrainera un recul historique sur le statut du fonctionnaire en introduisant l’individualisation des carrières et les rémunérations au mérite qui pourraient aller jusqu’à 25 % du salaire. C’est un projet désastreux qui n’est ni discutable, ni amendable. En ce sens, le SNES et la FSU n’ont aucune place dans les concertations et doivent travailler au boycott par toutes les organisations de la fonction publique. Le SNES doit aussi mobiliser contre cette loi dès maintenant.

Concernant le « choc des savoirs », nous partageons l’analyse de la tribune et en tirons les mêmes propositions que pour la fonction publique.

Dans cette période où le gouvernement enchaine de plus en plus rapidement les contre-réformes, le syndicalisme doit créer une véritable opposition et créer le rapport de force. A commencer par le refus du dialogue social qui ne négocie que le poids des chaines.

Le SNES doit ouvrir la perspective de luttes victorieuses :

– Par la création de revendications unifiantes avec un recrutement massif, une baisse du temps de travail, la titularisation des non titulaires, des hausses uniformes de salaires et une amélioration des conditions de travail

– Sur la stratégie, celle des journées d’action isolées, une en janvier, une en mars n’est pas mobilisatrice car elle n’est pas gagnante. Cela a été la stratégie de l’intersyndicale lors de la lutte contre la réforme des retraites et cela n’a pas permis la victoire alors que le mouvement était exceptionnel et massif 

Il faut donc construire un mouvement d’ampleur comme au Canada, Allemagne, Californie où les fonctionnaires et/ou enseignant.es ont obtenu au printemps 2023 des revalorisations salariales jusqu’à 30 % en quelques jours de grèves d’affilée. *

Le SNES doit prendre toute sa part dans la construction d’un mouvement d’ampleur en permettant la construction à la base : AG des personnels dans les établissements, coOrdination de bassin et/ou département des AG d’établissement.

Enfin dans la perspective à moyen terme d’un mouvement long, il est nécessaire de créer et faire vivre les caisses de grève pour tous les personnels.

Intervention Emancipation sur l’accord « protection sociale complémentaire »

Il faut être clairs sur ce que signifie politiquement, l’accord proposé par le ministère de l’Education concernant la protection sociale complémentaire :

– le renforcement d’un système inégalitaire,

– la marchandisation du système de santé,

– des attaques contre les statuts.

En d’autres termes, l’accord ministériel est la négation du principe « chacun cotise selon ses moyens, chacun reçoit selon ses besoins ». On est en face d’un protocole d’accord qui engage la logique de la tarification à l’âge d’une part, qui consacre le recul de la Sécurité sociale d’autre part. Il faut d’ailleurs signaler que la CA nationale n’a pas été destinataire du texte ministériel lui-même, là on discute seulement du texte de la direction nationale du SNES, qui analyse le texte ministériel…

Bref, avec cet accord, la revendication du « 100% Sécu » n’a plus de contenu réel. C’est pourquoi Emancipation votera contre la signature de l’accord sur la protection sociale complémentaire avec le ministère.

Intervention Emancipation sur la Palestine

J’interviens sur la motion « Palestine » proposée par Emancipation. Notre motion ne vise pas à aller sue le terrain de la solution politique (le débat un Etat / deux Etats par exemple), mais veut aborder les urgences liées aux mobilisations actuelles.

Il est utile, pour aborder le débat, de se décentrer et de prendre un point de vue internationaliste. Il y a d’autres conflits dans le monde, mais pourquoi celui-là a autant d’écho ? L’initiative de l’Afrique du Sud devient la Cour internationale de justice a une résonnance mondiale et historique : c’est lié au fait que la question qui se pose est celle du colonialisme et de la lutte anti-coloniale.

La question revendicative immédiate qui est posée pour nous, est celle de la paix : autrement dit, le cessez-le-feu, la libération des otages et des prisonniers politiques. Mais il n’y aura pas de paix sans justice. Et la justice, c’est :

– dire clairement que la politique menée par l’Etat d’Israël est une politique criminelle : oui, le Hamas a commis des crimes de guerre. Mais oui aussi, l’Etat d’Israël bafoue depuis des dizaines d’années en toute impunité le droit international : crimes de guerre crimes contre l’humanité, crime d’apartheid… et risque de crime de génocide, relevé par la rapporteur spéciale des Nations unies elle-même.

– dire que face à ces crimes, l’Etat d’Israël doit être boycotté. De même que l’Etat russe a été mis au ban de la communauté internationale – aujourd’hui Poutine ne plus mettre les pieds hors de Russie quand il s’agit de certaines réunions -, il doit en être de même pour l’Etat d’Israël.

– dire que face à ces crimes, l’Etat d’Israël doit être sanctionné. Des organisations, des pays le font (ainsi la Malaisie interdit ses ports aux navires d’Israël, des pays qui ferment des ambassades israéliennes). Une campagne syndicale internationale, à l’appel des syndicats palestiniens, mène un travail et des actions en ce sens : « Stop arming Israël ». En France, le groupe « Education pour Gaza » s’est mis en place. L’enjeu est de participer pleinement à ces formes d’action.


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