Logo de la page « un mois dans le monde »
Sommaire

Sommaire

Espagne

Après les élections municipales et régionales où la droite avait triomphé, les sondages annonçaient un raz-de-marée de l’alliance des néo-franquistes mous et des néo-franquistes durs (le parti Vox, ouvertement xénophobe). Le pari du Premier ministre sortant, le social-démocrate Pedro Sanchez (des élections anticipées) a failli réussir. Les électeur·trices centristes ont eu peur de Vox et personne n’a la majorité. L’Euzkadi et la Catalogne ont massivement dit non à la droite et les élu·es de ces deux régions vont peut-être, contraint·es et forcé·es, se rallier à Pedro Sanchez. En Catalogne, une grosse partie du vote indépendantiste est directement passée au PSOE. L’indépendantiste de droite Puigdemont (qui vit en exil) détient la clé du scrutin avec ses sept élu·es. Podemos fut autrefois aux portes d’un rôle essentiel. Après de nombreuses dissensions et scissions, les groupes issus de Podemos ont réussi à constituer une coalition qui a remporté 31 sièges. Avec la mairie de Barcelone, c’est suffisant pour exister mais insuffisant pour obtenir une rupture avec l’Europe néolibérale.

Niger

L’invasion de la Libye de Kadhafi par la coalition impérialiste en 2011 n’en finit pas d’avoir des conséquences au Sahel. La Françafrique a mal joué : après le Mali et le Burkina Faso, elle a perdu le Niger. Personne n’était dupe dans ce pays : l’armée française était surtout là pour les mines d’uranium d’Arlit dont les réserves s’épuisent. Et elle restait parce que le gisement d’Imouraren promet de prendre le relais. La fable de l’armée défendant la démocratie face aux méchants islamistes ne trompe plus grand monde. La France participe activement au refoulement des migrant·es qui essaient d’entrer en Europe et elle a besoin de complices. Il lui reste au Sahel une dernière marionnette : le régime tchadien, parfaitement dictatorial, mais comme il abrite les dernières bases françaises, c’est un régime “ami”.

Ouganda

Le projet de Total est effrayant : 200 000 barils de pétrole par jour dans le parc naturel de Murchison où des milliers de paysan·nes ont été expulsé·es avec des compensations dérisoires. 1445 km d’oléoduc chauffé (car le pétrole est visqueux) en zone sismique avec des tunnels sous les fleuves. Et des pressions pour faire taire toute opposition. On comprend que Macron ait décoré Pouyanné, le PDG de Total et que le salaire de celui-ci ait doublé.

Thaïlande

Toutes les élections récentes ont donné le même résultat : les “chemises rouges” censées représenter les classes les moins aisées l’ont toujours emporté sur les “chemises jaunes”, parti de la bourgeoisie royaliste et militariste. À plusieurs reprises depuis 2006, un coup d’État a annulé le résultat de l’élection. Une fois de plus, le vainqueur du scrutin, Pita Limjaroenrat, se voit barrer la route du pouvoir par l’ancien Premier ministre, un militaire, et par le roi.

Israël

L’extrême droite est hégémonique idéologiquement. Jusqu’à présent, des coalitions avaient réussi à rassembler des courants hétéroclites. C’est terminé : la bourgeoisie israélienne est définitivement divisée en deux camps irréconciliables. Depuis la victoire électorale de la coalition entre Nétanyahou et les suprémacistes, les manifestations monstres se succèdent.

Cela ne ralentit en rien le rouleau compresseur colonial. Tous les jours, des jeunes Palestinien·nes sont assassiné·es. Des pogroms ont lieu. Les colons et l’armée attaquent les civil·es, détruisent les récoltes, les puits, les écoles, les réservoirs d’eau. Comme d’habitude, la “communauté internationale” feint de n’avoir rien vu. L’attaque contre le camp de Jénine qui rappelle les pires moments de la deuxième Intifada a montré aux Palestinien·nes qu’ils/elles étaient bien seul·es, leur pseudo “Autorité” passant son temps à arrêter les résistant·es.

Les contradictions dans la société israélienne sont nombreuses : religieux contre laïques, Ashkénazes contre Séfarades et Juifs orientaux, Russes contre tous les autres. Tout ceci n’explosait pas à cause de la peur entretenue, de la guerre sans fin et du consensus colonial.

Cette foi, cela explose et c’est sans doute une fracture définitive. Il y a une bourgeoisie au pouvoir qui produit peu et qui vit de la rente coloniale et du pillage sans limite de la Cisjordanie. Elle a fait voter les lois qui réduisent les pouvoirs de la Cour Suprême et assurent l’impunité de Nétanyahou. Elle assume ouvertement l’apartheid et veut annexer la Cisjordanie.

Face à elle, il y a la bourgeoisie européanisée, celle qui a fondé le pays et son armée. Elle a commis autant de crimes contre la Palestine que ses ennemis. Mais elle n’admet pas ce qui est à l’œuvre. Les suprémacistes s’en prennent aux “Juif·ves déloyaux”, aux femmes, aux gays… Ils provoquent un exode massif vers l’Europe ou les États-Unis et une fuite des capitaux, menaçant la prospérité de start-up technologique du pays. Ils rendent plus difficiles la défense et la promotion d’un pays à cause d’un apartheid de plus en plus évident. Ils mettent en danger les “accords d’Abraham” avec les féodaux du Golfe.

Les anticolonialistes israélien·nes et les Palestinien·nes ont-ils/elles leur place dans ces manifestations conduites, drapeaux au vent, par des généraux criminels ? Les avis sont partagés. On peut penser que ce conflit interne à une société coloniale ne les concerne pas. En même temps, il y a maintenant des petits cortèges anti-occupation et des drapeaux palestiniens dans ces manifestations où l’on arrive à parler d’apartheid.

Les manifestations ont partiellement réussi. Le président Macky Sall a renoncé à briguer un troisième mandat. Mais il n’a renoncé, ni à réprimer les manifestations, ni à emprisonner ses opposants. Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison.

Liban

Il y a trois ans, l’explosion du port de Beyrouth marquait la faillite d’un pays. Les seigneurs de la guerre, hier ennemis à mort et aujourd’hui complices pour verrouiller le système clanique et confessionnel sont toujours au pouvoir : Phalanges, Hezbollah, Banque Centrale… C’est l’aide de la diaspora qui permet à la population de survivre.

Arabie Saoudite

L’argent résout bien des problèmes. Mis en difficulté par l’assassinat de Khashoggi, MBS s’est réconcilié avec Erdogan et avec l’Iran et a “suspendu” le génocide en cours au Yémen. Il acheté des Rafales français, ce qui lui a valu la légion d’honneur. Avec Poutine, il dicte un prix du pétrole élevé. Maître de la Ligue Arabe, il a réintroduit Bachar el-Assad. Il achète les meilleurs footballeurs du monde et fait construire à coup de milliards, une station de sport d’hiver en plein désert. Le féodalisme a de l’avenir.

Wagner

L’alternative à l’assassin Poutine, c’est le mercenaire Prigojine ? Et tou·tes les Russes qui souhaitent sortir de ce délire meurtrier sont emprisonné·es ou tué·es. On est encore loin d’une rupture du front intérieur.