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Afrique du Sud

La plainte de l’Afrique du Sud contre Israël auprès de la Cour Internationale de Justice a un écho énorme. Certes, ce n’est pas la justice internationale qui persuadera les dirigeants israéliens d’arrêter le génocide en cours à Gaza. Il faudrait pour cela une interruption de l’aide militaire et politique des États-Unis et de l’Union Européenne. Mais ces États qui prétendent incarner la démocratie et les droits fondamentaux face à des États qui les violent en permanence (Russie, Iran, Syrie, Chine…) soutiennent aujourd’hui un meurtre de masse de civil·es désarmé·es. L’Afrique du Sud est un pays du Tiers-Monde, membre des BRICS et auréolé par sa lutte victorieuse contre l’apartheid. Quelle que soit l’issue de cette plainte, elle a d’ores et déjà un effet dévastateur pour l’image d’Israël. Et aussi pour celle de l’Occident.

Israël

Des petites fractures commencent à apparaître malgré le consensus meurtrier. Le député communiste Ofer Cassif soutient la plainte de l’Afrique du Sud. Immédiatement, 85 membres de la Knesset (le Parlement) demandent sa destitution. D’autre part, 50 chercheur·es sur l’Holocauste et le Génocide demandent au Mémorial Yad Vashem (dédié à la “Shoah” il est situé à Jérusalem), un appel moral sans ambiguïté condamnant le discours public israélien qui appelle au génocide à Gaza. Le directeur du Mémorial, Dani Dayan, n’a pas répondu. Nétanyahou avait tenté de mettre à la tête du Mémorial un colon d’extrême droite Effi Eitam.

Chaque fois que l’image d’Israël se fissure, ce qui reste de la “gauche sioniste” se mobilise : après le président Herzog qui considère que l’armée israélienne respecte la “morale”, c’est Élie Barnavi qui s’insurge contre l’Afrique du Sud en trouvant “obscène” sa plainte.

La guerre a déjà coûté 50 milliards de dollars à Israël. Une grave crise économique se profile.

Gaza

Aucun des objectifs clamés par Nétanyahou et les fascistes qui l’entourent n’a été atteint. Certes, Gaza est un monceau de ruines et les survivant·es, souvent sous la tente, luttent contre la famine et le froid. Mais “le Hamas n’est pas éradiqué”. Tou·tes les Pales-tinien·nes sont désormais des résistant·es. Le nettoyage ethnique envisagé a du plomb dans l’aile. Aucun pays ne semble disposé à cette entreprise. En Israël, le sacrifice délibéré des prisonnier·es retenu·es à Gaza passe de plus en plus mal. Pour le mouvement de solidarité, il y a deux tâches impératives : assurer la survie de la population le temps qu’une véritable aide humanitaire internationale puisse se déployer. Et multiplier les manifestations et les actes de boycott pour accentuer le discrédit d’Israël et forcer les gouvernements occidentaux complices à lâcher Nétanyahou.

Yémen

L’engagement des Houthis au côté de Gaza a considérablement affecté le trafic maritime en Mer Rouge. L’Égypte a perdu une part notable de ce qu’elle touche pour le passage du canal de Suez. Muets sur le génocide à Gaza, les pays occidentaux attaquent militairement le Yémen pour “protéger” leurs sacro-saintes routes commerciales.

Liban

Le pays est exsangue. Il survit sous perfusion grâce aux millions de Libanais·es de la diaspora. La division politique semble sans issue comme à l’époque de la guerre civile. Le Hezbollah le sait. S’il entre en guerre contre Israël, il peut perdre tout le pouvoir qu’il détient au Liban. Du coup, les Israéliens peuvent attaquer sans réelle riposte. Ils ont tué un dirigeant du Hamas à Beyrouth et un chef militaire du Hezbollah.

États-Unis

Trump a entamé une marche qu’il voudrait triomphale vers son retour au pouvoir. Biden a aggravé son impopularité par son soutien militaire à Israël. Il a perdu une part notable de son électorat. Les manifestations pour la Palestine restent massives. Une partie de la communauté juive y participe : JVP (Jewish Voice for Peace = Voix Juive pour la Paix) a occupé la statue de la liberté et la gare centrale de New-York aux cris de Jews against genocide (= Juifs contre le génocide).

Turquie

Officiellement, Erdogan soutient la Palestine. Il a même mis en prison des gens accusés d’être des agents du Mossad. La réalité est toute autre comme à l’époque où il avait empêché l’inculpation des dirigeants israéliens après l’attaque meurtrière du Mavi Marmara (2010). Un journaliste d’opposition a montré que le commerce entre la Turquie et Israël, y compris militaire, était florissant.

Inde

Le pays se présente comme “la plus grande démocratie du monde”. Il est gouverné depuis 2014 par Modi, un ancien d’un groupe paramilitaire ultranationaliste, héritier de ceux qui ont assassiné Gandhi.

Le dernier rapport d’Human Rights Watch révèle des arrestations de journalistes, des député·es exclu·es du Parlement, des mesures discriminatoires contre les minorités ethniques et/ou religieuses et une prise de contrôle totale du Cachemire.

Taïwan

Les bruits de bottes et les discours nationalistes chinois n’auront pas eu d’effet sur les électeurs et électrices taïwanais·es. Le parti “indépendantiste” conserve la présidence tout en perdant la majorité absolue au parlement. Ce qui se passe à Hong-Kong a joué un rôle : malgré toutes les promesses faites au moment de la restitution de cette colonie à la Chine en 1999, l’opposition est bâillonnée et emprisonnée.