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Chronique des sexismes ordinaires

PARCE QUE C’EST AUSSI UNE FORME DE HAINE

Le sexisme n’est pas de l’histoire ancienne

En janvier dernier, le Haut Conseil à L’Égalité a rendu public le 6ème état des lieux du sexisme en France. Les résultats des enquêtes révèlent que 70 % des femmes estiment ne pas avoir reçu le même traitement que leurs frères dans la vie de famille, 74 % des femmes n’ont jamais envisagé de carrière dans les domaines scientifiques ou techniques, le milieu éducatif reproduisant lui aussi les stéréotypes de genre. Alors que l’éducation à l‘égalité est inscrite dans la loi depuis de nombreuses années, la mise en œuvre se fait attendre. Et concernant les cours d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (selon les textes trois séances annuelles en collège et lycée), deux tiers des enquêté·es n’en ont jamais suivi.

Plus préoccupantes encore les données chiffrées suivantes parce qu’elles traduisent un retour à des valeurs traditionnelles : pour 34 % des personnes interrogées, il est normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper des enfants. 70 % des hommes pensent qu’un homme doit avoir la responsabilité financière de la famille pour être un homme respecté dans la société. Une femme qui cuisine tous les jours pour sa famille : c’est considéré comme normal ou positif pour plus de la moitié de la population. Et tous ces pourcentages sont en augmentation, par rapport aux années passées…

Les violences sexistes et sexuelles ne diminuent pas : 37 % des femmes déclarent toujours avoir vécu une situation de non-consentement, un chiffre qui grimpe à plus de 50 % chez les 25-34 ans. Chez les hommes, dans cette même tranche d’âge, 25 % d’entre eux pensent qu’il faut parfois être violent dans le couple pour se faire respecter.

Alors qu’on constate que la population en France est de plus en plus consciente des violences sexistes et sexuelles, paradoxalement, les stéréotypes de genre persistent. Ils continuent de peser sur les mentalités et maintiennent un sexisme ambiant délétère.

S’attaquer aux racines du sexisme exige des convictions, de réelles volontés politiques et des moyens à la hauteur. Quel écho, ce 6ème rapport rencontrera-t-il concrètement auprès de ceux qui gouvernent et allouent les budgets ? Quelles actions concrètes seront mises en œuvre ? La société patriarcale a la peau dure mais les féministes le savent et continueront de lutter contre elle avec acharnement.

Joëlle

En Alabama, la FIV (fécondation in vitro) menacée

Le 16 février dernier la Cour suprême de l’Alabama, État du Sud très conservateur, a statué qu’un embryon congelé est une personne à part entière. Le haut tribunal devait étudier le cas d’une personne qui avait malencontreusement renversé et détruit des embryons congelés : cette personne pouvait-elle être tenue responsable de négligence criminelle ? La Cour considérant que ces embryons étaient “des enfants à naître” a répondu par l’affirmative. Elle accorde à l’embryon la même protection qu’au bébé, et le place sous la même législation qu’une personne mineure.

Cette décision est une victoire pour le mouvement chrétien anti-avortement. Elle est d’autant plus inquiétante qu’elle pourrait avoir de graves conséquences sur l’avenir de la procréation médicalement assistée dans les cliniques de cet État. En effet, elle multiplie les risques légaux, encourus par les cliniques. Ces dernières pourraient se montrer plus réticentes à proposer la congélation et la conservation d’embryons, par crainte de leur destruction par inadvertance.

Cette décision, première du genre, traduit une nouvelle percée du mouvement pro-life. Elle pourrait faire jurispridence pour d’autres États conservateurs. Les conséquences pour les femmes dépasseraient largement les frontières de l’Alabama. L’annulation de l’arrêt ROE vs Wade en juin 2022, cette récente décision de justice en Alabama : des signes très alarmants sur la volonté de restreindre par tous les moyens les droits des femmes à disposer de leur corps.

Joëlle