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Iran

DU CÔTÉ “FÉMINISME”

Janvier 2024 : une militante iranienne a reçu 74 coups de fouet. Incarcérée en 2023 pour avoir publié sur les réseaux sociaux une photo d’elle, tête nue, Roya Heshmati avait tout d’abord été condamnée à une amende et à 13 ans de prison. La peine d’emprisonnement avait été annulée en cours d’appel. Mais pas l’amende, ni les coups de fouet. Accompagnée par son avocat, elle a été fouettée le 3 janvier. Elle a largement médiatisée le déroulement de l’exécution de cette peine : sommée de remettre son foulard à plusieurs reprises, elle a refusé jusqu’au bout, même dans la pièce qu’elle décrit comme “une chambre de torture médiévale” où elle a été fouettée. Cet acte d’insoumission s’est propagé sur les réseaux sociaux ; il s’inscrit dans la droite ligne du mouvement “Femme, vie, liberté” suite à la mort de Jina Mahsa Amini. Défiant le régime iranien Roya Heshmati affirme : “Continuez avec votre loi. Nous continuerons notre résistance”.

Argentine

DU CÔTÉ “FÉMINISME”

Le résultat des élections de novembre 2023 ne laissait rien présager de bon pour les droits sociaux du peule argentin en général et pour les droits des femmes en particulier. Celui qui avait fait campagne en se présentant comme le candidat “anti système” n’avait pas caché son hostilité envers l’avortement. Niant les inégalités entre les femmes et les hommes, il a également annoncé qu’il s’attaquerait à l’éducation à l’égalité et à la sexualité qu’il qualifie “d’endoctrinement du genre”. Bien décidé à tenir ses promesses, dès son investiture, il a tout bonnement supprimé le ministère des droits des femmes. Mais pourra-t-il mettre à exécution son programme délirant ? Il a déjà dû faire face à un mouvement de grève générale d’ampleur en janvier, à l’annonce de son projet de loi visant à déréguler l’économie du pays. Les Argentines se sont battues pour gagner des droits ; malgré les intimidations, les menaces, elles ne se laisseront pas déposséder de celui qu’elles ont si chèrement acquis, le droit de disposer librement de leur corps.

États-Unis

DU CÔTÉ “FÉMINISME”

Une récente étude publiée dans le journal de l’Association médicale américaine estime qu’il y a eu près de 520 000 viols depuis 16 mois dans les 14 États interdisant l’IVG entraînant plus de 64 000 grossesses. L’État du Texas (où aucune exception n’est autorisée pour l’IVG) avec 26 000 grossesses issues de viol, arrive en tête de ce sinistre décompte devançant largement d’autres États du sud comme le Tennessee, l’Arkansas, l’Oklahoma ou la Louisiane (dans chacun de ces États, autour de 4500 femmes violées sont tombées enceintes et ont dû poursuivre leur grossesse dans les 16 derniers mois). Greg Abbot, Gouverneur de l’État avait promis de s’attaquer au problème des viols… Force est de constater que son résultat est lamentable quand on regarde les données chiffrées précédentes. Et il faut en ajouter une autre des plus préoccupantes : l’an passé, pour la première fois depuis 15 ans, le nombre de jeunes filles entre 15 et 18 ans qui ont accouché, est lui aussi en hausse.

Kenya

DU CÔTÉ “FÉMINISME”

Le Kenya reste encore aujourd’hui un des pays où l’on excise le plus de petites filles au monde. Les mutilations génitales féminines (MGF) y sont interdites depuis 2011 et une baisse très significative de ces pratiques y avait été enregistrée pendant une dizaine d’années. Cependant, depuis 2021, des statistiques montrent que les excisions seraient de nouveau en hausse. Les conditions climatiques des deux dernières années (sécheresses historiques dans ce pays) ont réduit les habitant·es des zones rurales à une très grande précarité, conduisant aux mariages forcés des fillettes, et donc à leur excision, pour convenir aux traditions encore vivaces. Lors du Covid et de la fermeture des écoles qui avait suivi, une augmentation des MGF avait déjà eu lieu. Ces excisions sont dites “médicalisées” sous prétexte qu’elles seraient pratiquées par un “personnel médical” et dans des lieux nommés “cliniques” qui sont en fait des maisons privées. Même médicalisées, elles demeurent une violence contre les filles que dénoncent nombre de celles qui l’ont subie au Kenya et ailleurs.

Autriche

DU CÔTÉ “FÉMINISME”

À partir du 1er février de cette année, les personnes condamnées dans le passé pour homosexualité peuvent demander leur réhabilitation ainsi qu’une réparation financière. Le gouvernement a voté une loi en ce sens et prévu une enveloppe de 33 millions d’euros à cet effet. En Autriche, l’homosexualité avait été décriminalisée en 1971 mais elle est restée indirectement pénalisée jusqu’en 2002 date à laquelle les dernières dispositions homophobes du droit autrichien ont été abrogées par la Cour constitutionnelle. Les personnes autrefois condamnées (environ 11 000) verront leur peine annulée et recevront la somme de 3 000 € à laquelle s’ajouteront 1 500 € supplémentaires pour chaque année d’emprisonnement. “Cela ne pourra pas compenser les souffrances mais nous assumons, en tant qu’État, la responsabilité de notre histoire”, a déclaré la ministre de la Justice, Alma Zadić, Une victoire de plusieurs décennies de lutte de la communauté LGBTQI.

Inde

DU CÔTÉ “FÉMINISME”

En 2002, de terribles émeutes, accompagnées de massacres de musulman·es et de viols avaient eu lieu dans l’État du Gujarat. 11 hommes avaient été arrêtés, jugés coupables du viol collectif d’une jeune femme et de l’assassinat de 12 membres de sa famille. À l’époque, Narendra Modi, actuel premier ministre indien, était à la tête de cet État. Accusé d’avoir laissé faire ces massacres, en 2012 il avait été blanchi un peu avant que son parti politique ne prenne le pouvoir. En 2023, lors de la journée de l’indépendance de l’Inde, les onze hommes condamnés ont été libérés de prison sur recommandation d’un groupe d’experts du gouvernement de l’État et accueillis en héros. Dans tout le pays, cette mise en liberté avait déclenché des manifestations d’autant plus qu’elle avait coïncidé avec un discours de Modi où il évoquait justement la sécurité des femmes. En janvier dernier, la Cour suprême du pays a annulé leur libération, les violeurs devront retourner en détention, purger leur peine. 

Tunisie

DU CÔTÉ “FÉMINISME”

2019, la loi 51 est adoptée. Elle est censée protéger des risques de la route les journalier·es qui travaillent dans les champs. Cinq ans après sa publication, les accidents de la route se comptent par centaines. 51 femmes en ont été victimes en janvier dernier. Les ouvrières agricoles sont obligées de recourir à des transports informels pour rejoindre les champs où elles forment les plus gros contingents de travailleur·es : entassées les unes sur les autres, elles sont chargées comme du bétail, dans l’indifférence des autorités régionales et nationales. 92 % des femmes actives dans le secteur agricole sont privées de la couverture sociale, 98 % d’entre elles sont payées en dessous du salaire minimum agricole garanti (SMAG) et 78 % sont victimes de violences. Non assurées, non syndiquées, elles subissent les traitements insecticides à visage découvert.