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En deux mois et demi de guerre d’anéantissement de la population de Gaza, l’occupant a tué plus de 30 000 personnes, en grande majorité des enfants et des femmes. 90 % de la population a été forcée de quitter son logement. 70 % des infrastructures sont détruites. Par exemple sur le port, il ne reste que sept bateaux contre 96 avant les bombardements. Les villes du Sud où, d’après l’armée israélienne, les réfugié·es du nord étaient convié·es, sont massivement bombardées. Non seulement les hôpitaux sont mis hors d’état de fonctionner, mais les personnels de direction (dont le directeur d’Al Shifa) sont arrêtés. Et les soi-disant tunnels du Hamas sous l’hôpital Al Shifa se sont avérés aussi crédibles que les “armes de destruction massive” dont le “danger” avait servi à “justifier” l’invasion de l’Irak.

Les assassinats sélectifs ne frappent pas au hasard. Un poète a été tué. Puis le fondateur de l’ONG “We are not numbers”, puis un cameraman (de la famille de Mariam Abu Daqqa) ont été délibérément assassinés. Sans compter les fidèles d’une église chrétienne (ce qui a entraîné – enfin – une protestation du pape), et même un employé du consulat français.

Actuellement, l’armée israélienne veut obliger, ce qui est strictement impossible, la population à se regrouper sur une partie de la plage, là où il n’y a rien, ni bâtiments, ni eau. Des hélicoptères petits et maniables vont devant tous les refuges pour recenser les présent·es. Quand les réponses leur déplaisent, ils ouvrent le feu.

Quelque chose qui n’était jamais arrivé à Gaza commence : une désagrégation de la société. Des bandes qui attaquent les rares secours qui arrivent et qui essaient de revendre à des prix exorbitants les denrées élémentaires qui manquent. La pénurie généralisée entraîne une explosion des prix.

Gaza, avant le 7 octobre, c’était une multitude d’associations petites et grandes, qui permettaient à la société civile de s’organiser et de résister. C’était le fait que les chômeurs et chômeuses diplômé·es acceptaient de travailler gratuitement pour que leur société ne s’écroule pas ; c’était les traditions d’entraide et de travail collectif.

L’UJFP travaille avec deux associations à qui elle réussit à envoyer de l’argent : ce sont l’équipe qui s’occupait de la pépinière (qui n’existe plus) et l’association Ibn Sina. Ces deux équipes sont regroupées, l’une à Nuseirat, l’autre à Rafah. Elles ont réussi à fournir des tentes aux sans-abris, des chaussures, des vêtements chauds, des couvertures, du nylon pour se protéger de la pluie, de la nourriture, du riz, de l’eau potable. Elles organisent l’aide psychologique aux enfants traumatisé·es. Elles construisent des latrines.

Toutes ces réalisations sont consultables sur le site de l’UJFP. L’avenir est plus que sombre. Gaza est revenu 75 ans en arrière quand les réfugié·es étaient sous la tente. Il est fondamental que le tissu social résiste et se reconstruise, d’autant que l’armée de l’occupant va continuer à tuer impunément.