Sommaire

Sommaire

Depuis la Cisjordanie

J. et D. vivent la guerre actuelle depuis la Cisjordanie, à Halhul, une petite ville qui touche Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, à 50 km à vol d’avion de la bande de Gaza. Nous publions ci-dessous quelques extraits de leur journal.

[…] Toute la nuit les avions sont passés et repassés vers Gaza. Petite pause, et ça recommence à partir de 7 h 55. À l’aller, ils passent au-dessus de la mer, au retour, ils passent au-dessus de la maison : Halhul, comme une sorte de rond-point pour éviter les accidents de la circulation.

Hier soir, le gouvernement israélien a annoncé qu’ils allaient se débarrasser “des animaux humains” de Gaza, qu’ils n’auraient plus ni électricité, ni eau, ni carburant, ni nourriture. Ils sont deux millions et demi à Gaza. Tous des “terroristes” ? Les dirigeants américains ne condamnent pas les propos : ils vont envoyer deux bateaux pouraider Israël.

Et allez hop ! Encore un avion qui passe au-dessus de nos têtes ! Il est 8h 12. Combien depuis tout à l’heure, trois, quatre ? Je n’arrive plus à compter ! […]

Crimes de guerre

D’après l’agence Wafa, la Commission internationale d’enquête indépendante de l’ONU de Genève aurait assuré “qu’il y avait des preuves évidentes que des crimes de guerre ont pu être commis”. La communauté internationale estime qu’il est légitime qu’Israël “se défende”. À la télévision française, les commentateurs les moins pires déclarent que la riposte est peut-être un peu disproportionnée mais sans rien dire de plus (si ce n’est des spéculations sur ce que vont faire le Liban, l’Iran). […]

Le déni des droits palestiniens

Entre janvier 2022 et le 30 septembre 2023, d’après la coordination des associations palestiniennes de défense des droits de l’Homme, 426 Palestiniens ont été tués dans les Territoires Occupés dont 89 enfants. Entre 2022 et le 30 juin 2023, il y a eu 1 446 attaques de colons, 436 maisons détruites conduisant à la mise à la rue de 1 600 personnes dont la moitié d’enfants. Au 19 septembre 2023, il y avait 5 200 prisonniers palestiniens dont 170 enfants et 1 264 en détention provisoire (le système de la détention provisoire permettant de garder indéfiniment les personnes en prison, sans chef d’inculpation et donc sans possibilité de défense). Depuis 2006, la Bande de Gaza est bouclée. Le “corridor de la paix” qui devait être ouvert entre la Cisjordanie et la Bande de Gaza n’a jamais été ouvert.

Totalement surprenante, inexplicable, incongrue la sortie de combattants de la Bande de Gaza ? Nous ne savions pas ou… nous ne voulions pas savoir ? Évidemment, les populations en Europe ne sont pas responsables mais les médias et leurs donneurs d’ordre ? Indépendamment des auteurs de l’attaque du 7 octobre et de leur idéologie, est-il impossible de comprendre les raisons qui ont poussé une population de deux millions et demi de personnes, prisonnière depuis 2006, à se doter d’une armée et à tenter de briser le siège ? Au regard du droit international, est-ce illégitime ? Qui n’a pas respecté le plan de partage et a systématiquement enfreint, depuis des décennies, toutes les résolutions internationales ? Il se dit que lorsque l’on traite les gens comme des chiens, il ne faut pas s’étonner de se faire mordre. Et les guerres propres n’existent pas.

Les petites graines de haine

Le Hamas vient de lancer un appel pour faire de vendredi prochain “le vendredi de la déferlante d’Al Aqsa” : tout le monde à Jérusalem pour empêcher les colons de prendre d’assaut la grande mosquée !

Suicidaire. Extrêmement dangereux aussi de faire d’une lutte de libération nationale une lutte religieuse. Les religions doivent être respectées mais la foi est par définition irrationnelle ; transférer les questions politiques sur le terrain religieux c’est se priver d’avance de la raison et ne plus pouvoir penser autrement que bloc contre bloc. Hamas le fait, tout comme le fait le gouvernement israélien qui ne cesse de proclamer, en guise de justificatif, que cette terre leur a été promise par leur Dieu.

D’autres positionnements existaient, des deux côtés de la Ligne verte, basés sur le respect des droits fondamentaux pour les Hommes, tous les Hommes, et la recherche de solutions. Traités de traitres d’un côté, emprisonnés, éliminés physiquement de l’autre par l’occupant, ils ont été balayés.

L’occupant a tendu une main molle à l’occupé et l’occupé l’a saisi mollement, ou plutôt son représentant. Et tout le monde a fait semblant que tout allait bien. Et sous le regard impassible de la communauté internationale, engraissées par elle, les petites graines de haine ont mûri.

Gaza aujourd’hui

Israël demande aux Gazaouis de quitter la Bande de Gaza au plus vite par le Sud mais bombarde le passage de Rafah. L’Égypte déclare que si les habitants sont expulsés vers chez elle, elle rompra ses relations diplomatiques avec Israël. Déclaration de l’ONU : “Le siège total de la Bande de Gaza est interdit par le droit international”.

J. et D., 10 octobre 2023

Hostilités et victimes

[…] Depuis le début des hostilités, 2 808 Palestiniens ont été tués et 10 850 ont été blessés. Le nombre de morts à Gaza au cours des dix jours d’hostilités a déjà dépassé le nombre total de morts au cours de l’escalade de 2014, qui a duré plus de 50 jours (2 251 morts palestiniens).

À 21h00 le 16 octobre, aucun nouveau décès israélien n’a été signalé. Selon des sources officielles israéliennes, au moins 1 300 Israéliens et ressortissants étrangers ont été tués en Israël, et au moins 4 121 ont été blessés, la grande majorité le 7 octobre. Le nombre de morts est plus de trois fois supérieur au nombre cumulé d’Israéliens tués depuis que l’OCHA a commencé à enregistrer les victimes en 2005 (près de 400).[…]

Selon le ministère des travaux publics de Gaza, au 14 octobre, 8 840 logements ont été détruits et 5 434 logements ont été endommagés et rendus inhabitables. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé 48 attaques contre les services de santé dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, qui ont endommagé 24 hôpitaux et autres centres de santé. Trois de ces derniers, situés dans le nord de la bande de Gaza (Beit Hanoun, Hamad Rehabilitation et Ad Dura), ont dû être évacués. […]

Déplacements

Le nombre cumulé de personnes déplacées à l’intérieur du pays depuis le début des hostilités pourrait avoir atteint un million, dont près de 333 000 personnes déplacées dans des abris d’urgence désignés par l’UNRWA dans le centre et le sud de la bande de Gaza. Le nombre de personnes déplacées dans les abris d’urgence de l’UNRWA dans la ville de Gaza et au nord de Gaza n’est actuellement pas disponible. En outre, environ 54 500 personnes déplacées sont hébergées dans 51 abris ne relevant pas de l’UNRWA, dont la plupart se trouvent dans la ville de Gaza et au nord de Gaza.

Les DES de l’UNRWA dans les régions du centre et du sud sont surpeuplés, obligeant de nombreuses personnes déplacées à dormir à l’extérieur. Il s’agit notamment d’enfants, de personnes âgées, de personnes ayant besoin de soins médicaux, de personnes handicapées et de femmes enceintes. Les ressources essentielles telles que l’eau, la nourriture et les médicaments manquent cruellement, ce qui entraîne une frustration et des tensions croissantes parmi les personnes déplacées.

Des rapports indiquent que de nombreuses familles déplacées sont retournées dans la ville de Gaza et dans le nord de Gaza (à l’ouest de Wadi Gaza) en raison des frappes aériennes qui ciblent les zones méridionales, aggravées par les conditions de vie difficiles dans le sud, avec des abris temporaires exigus, le manque d’eau, d’électricité et d’installations sanitaires

J. et D., 16 octobre 2023

Les intertitres sont de la rédaction.