Sommaire

Sommaire

Lire Pinar Selek

Pinar Selek auteure, sociologue est née en 1971 à Istanbul. Nous avons déjà écrit dans la revue sur son engagement solaire féministe, antimilitariste qui lui a valu d’être emprisonnée en 1998 pour “terrorisme”. Jugée, relaxée pour absence de fait, le gouvernement turc n’en finit pas de vouloir la remettre derrière les barreaux : alors qu’elle vit désormais en exil en France, un mandat d’arrêt international demandant l’extradition est en cours, un nouveau procès s’est tenu en mars 2023 et celui programmé le 29 septembre est reporté au 28 juin 2024, le cauchemar continue ! Mais Pinar ne lâche pas et elle vient de publier un nouveau livre : Le chaudron militaire turc, un exemple de production de la violence masculine qui tente de “sonder les ténèbres qui font d’un bébé un assassin”.

Ce livre vient quinze ans après la publication de Devenir homme en rampant. L’écriture très fluide met en lumière l’enquête menée initialement : des dizaines d’entretiens avec des hommes ayant fait leur service militaire donnant lieu à un “récit choral” montrant comment la reproduction de la masculinité occupe une place fondamentale dans l’organisation de la violence politique, liée à la structuration nationaliste, militariste organisée par les États.

En convoquant de nombreux, nombreuses auteur·es, Pinar Selek nous fait comprendre et avancer sur des questionnements concernant “les mécanismes d’alignement”, fruit de la banalisation de la violence et des hiérarchies.

L’armée, la police c’est un monde d’enfermement, fait d’obéissance, d’humiliations, d’infantilisation et en même temps de toute puissance, celle de l’arme/phallus. Dans ce contexte, l’injonction à la violence fonctionne comme un “ferment dans le chaudron”.

Légitimation, rationalisation dans l’apprentissage de la violence, articulée au désir de pouvoir, au conformisme, cela fait système au service de “l’ordre capitaliste”.

Il faut lire, et soutenir Pinar Selek qui nous interroge, nous aide à penser, à lutter, nous sourit, nous donne du courage !  

Emmanuelle