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Chronique des sexismes ordinaires

PARCE QUE C’EST AUSSI UNE FORME DE HAINE

Discrimination sexuelle au travail : après 13 ans de lutte, elles gagnent !

Fin octobre, la chambre sociale de la cour d’appel de Grenoble vient de condamner STMicroelectronics pour discrimination liée au sexe. La société spécialisée dans la fabrication de semi-conducteurs devra verser plus de 800 000 euros à dix de ses salariées.

Toutes syndiquées à la CGT, ces femmes travaillent ou ont travaillé sur deux sites isérois du groupe : à Crolles, l’usine de production, et à Grenoble, le site de recherche et de développement. Six sont cadres et cinq ouvrières, administratives, techniciennes et agentes de maîtrise.

Tout a commencé il y a plus de 10 ans avec la fuite d’un document interne comprenant les dates d’embauche, les grades, les échelons et les salaires de l’ensemble des salarié·es, document qui révélait l’ampleur des différences femmes-hommes dans le groupe. Les dix salariées décident alors d’engager une action en interne demandant à l’employeur de fournir des éléments précis de comparaison de salaires et de carrières, documents qu’elles n’obtiendront que dix ans plus tard.

Lasses d’attendre, elles continuent le bras de fer devant le conseil des Prud’hommes qui les déboutent en 2018. Toujours soudées et prêtes à aller jusqu’au bout, elles décident d’aller en justice : la cour d’appel de Grenoble leur donne raison retenant “l’existence d’une discrimination générale” au sein de l’entreprise.

Pour sa défense, STMicroelectronics déclare avoir pourtant mener des “actions volontaristes”, pour l’égalité femmes-hommes…Ces actions n’ont pas convaincu le syndicat et la cour d’appel les a qualifiées d’outils inappropriés et les a écartées. Ces formations internes permettaient en réalité de dissimuler la discrimination.

Une victoire pour toutes les femmes de l’entreprise et au delà espèrent les salariées. “On a pris la décision d’aller en justice pour ouvrir la voie pour toutes les femmes” déclare l’une d’elles. Leur lutte a payé, et sur le plan de l’égalité femmes-hommes au travail, c’est un début. Que les employeurs se le disent !

Joëlle

Leurs guerres, nos mortes…

La tragédie en cours en Palestine le montre une fois de plus : ce sont les civil·es, dont de très nombreuses femmes et enfants qui meurent sous les bombes, au bout des fusils ou par privation de soins du fait de la politique de l’État israélien.

Au moins deux associations de femmes travaillent concrètement sur place contre la guerre : Women Wage Peace (les femmes font la paix) organisant des rencontres, interpellant le gouvernement et Machson watch qui signifie check-point en hébreu. C’est là que des femmes israéliennes refusant l’occupation organisent des vigies et surveillent les méthodes des soldats, tentent d’assister si besoin les palestinien·nes subissant abus de pouvoir et brutalités.

Stop les armes c’est une urgence, alors que le capitalisme et le patriarcat tout puissant nous font la guerre.

Emmanuelle

Chères collaboratrices

Le féminisme est-il soluble dans le capitalisme ? C’est entre les lignes la question que pose Sandrine Holin (et à laquelle elle répond !) dans son essai paru dans la collection Cahiers Libres à La découverte. Elle y décrypte les stratégies libérales des entreprises qui s’intéressent à la réduction des inégalités femmes/hommes non pas pour transformer en profondeur un système patriarcal mais bien en quête de toujours plus de profit. L’autrice a étudié les sciences humaines et politique avant “d’expérimenter” les inégalités de genre dans le monde du travail dans plusieurs entreprises du CAC40.

L’analyse, les nombreuses sources et références en font un ouvrage essentiel, qui démontre combien le “féminisme à la sauce néolibérale”, à grand renfort de marketing et de développement personnel produit l’effet inverse de celui recherché : il anesthésie les luttes collectives nécessaires pour un véritable changement. Au-delà des constats, Sandrine Holin propose en conclusion de son essai des solutions concrètes qui donnent l’envie de continuer à bagarrer : “Les avancées sociales ne tombent pas du ciel. Redevenons menaçantes !”.

Extrait de Solidaires et égales, oct 2023