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Du drapeau rouge à la tunique bleue

Du drapeau rouge à la tunique bleue

Février 1848, quittant les barricades pour faire irruption à l’Hôtel de Ville, ponctuant chaque mot d’un coup de la crosse de son fusil sur le parquet, il nous est décrit par Lamartine en “Spartacus de l’armée des prolétaires intelligents”, par Louis Blanc en “incarnation du peuple vainqueur”. Ce prétendu “Spartacus” a pourtant un nom à lui : Charles Marche. Derrière celui qui est perçu comme la personnification de l’ouvrier du faubourg Saint-Denis, existe bien un individu singulier dont ce livre suit les traces. En 1861 il est devenu un immigré qui a fui aux États-Unis le coup d’État bonapartiste et la proclamation du Second Empire. Fidèle à lui-même, il endosse la tunique bleue de l’Union pour combattre l’esclavage pendant la guerre de Sécession.

Du drapeau rouge à la tunique bleue, sur les traces du Charles Marche : de la révolution de 1848 à La guerre de Sécession , Alain Rustenholz, éditions Syllepse, cahiers Spartacus, novembre 2023, 156 p., 12 €.

Abolir l’exploitation

Abolir l’exploitation

Même si le mot exploitation est encore utilisé pour dénoncer des situations d’injustice et de domination, il a presque disparu des débats politiques, sociologiques et philosophiques. Aux premières heures du mouvement ouvrier, l’exigence d’abolir l’exploitation constituait pourtant l’un des traits singuliers du socialisme avant d’être reformulée et élargie par des féministes. L’exploitation reste une expérience commune ; son concept peut, doit redevenir un outil puissant d’analyse et de combat. Sans lui, il n’y a pas de gauche qui tienne, pas de rencontre solide entre des traditions émancipatrices différentes. Mais pour saisir la dimension décisive d’une nouvelle critique de l’exploitation, encore faut-il en explorer les significations accumulées au fil des deux derniers siècles, redéfinir ses contours à cette lumière, les ajuster à la situation du capitalisme contemporain. Exploiter, ce n’est pas seulement dominer ou assujettir. Précisée et dépliée, la notion retrouve netteté, vigueur et, espérons-le, centralité.

Abolir L’exploitation Expériences, théories, stratégies, Emmanuel Renault, éditions La Découverte, octobre 2023, 324 p., 23 €.

Rage assassine

Rage assassine

Avant que Black Lives Matter et #MeToo ne viennent secouer l’Amérique et le monde occidental, Gloria Jean Watkins, plus connue sous le nom de plume de bell hooks montrait, dans cet essai incisif, que l’abolition du racisme et l’éradication du sexisme vont de pair. Sans le féminisme, la lutte antiraciste reste une affaire d’hommes. Sans l’antiracisme, le féminisme s’expose à servir de courroie aux logiques de domination raciale. L’autrice, professeure d’Université, théoricienne et militante du féminisme afro-américain, insiste sur le bien-fondé de la rage qui anime les masses populaires et la jeunesse noire et sur la nécessité d’en faire un moteur de changement social radical. Elle propose une théorie et une pratique révolutionnaires, dont l’objectif est une communauté solidaire fondée sur l’égalité réelle et la volonté de tou·tes de travailler au changement.

Rage assassine Mettre fin au racisme , bell hooks, traduit par Ségolène Guinard, éditions Divergences, novembre 2023, 360 p., 18 €.

De mémoire Tome 3

De mémoire Tome 3

Dans ce troisième volume, Jaan-Marc Rouillan revient sur le quotidien du groupe toulousain des GARI (Groupes d’action révolutionnaire internationalistes) en lutte contre la dictature de Franco. Au-delà̀ d’un récit d’aventures picaresques qui s’étendent sur tout le territoire européen, on voit se dessiner le point de non-retour vers l’engagement dans la lutte armée. Paru pour la première fois en 2009, ce texte a été́ écrit par Jaan-Marc Rouillan en prison, comme presque toute son œuvre. On peut lire cette œuvre comme la poursuite d’une politique par d’autres moyens empruntés par un auteur libéré́ de toute peine liée à son engagement dans la lutte armée.

De mémoire, Tome 3, La courte saison des GARI : Toulouse 1974 , Jann Marc Rouillan, éditions Agone, Novembre 2023, 320 p., 12 €.

Des révolutions

L’ouvrage qui vient de sortir, aux éditons La Découverte : Une histoire globale des révolutions , sous une direction collective dont l’historienne Ludivine Bantigny, venue à Saint-Nazaire le présenter, est une somme : plus de 1000 pages. C’est une enquête plurielle où l’on “déplace le regard”, dans l’espace et le temps sur les révolutions : en montrer les dynamiques transnationales, les échos, les “modèles”, les singularités.

L’archive révolutionnaire livre ainsi des interrogations neuves, des recherches fructueuses. Parmi les nombreux articles, denses, très documentés, qui ouvrent l’horizon, faisant penser les révolutions comme à des constellations, ceux par exemple sur les affects, sensibilités et émotions en révolutions, sur les arts, sur le féminisme, sur révolutions et violences m’ont particulièrement intéressée. Mais chacun·e y trouvera son miel : soixante-six articles explorent et questionnent le sujet. 

S’il y a une pluralité de révolutions, de ses langues, de ses formes, bien sûr la question de l’échec et de son avenir est posée, même si, pourtant “elle s’obstine, elle persiste”.  Ce livre est une source, une ressource.

Emmanuelle Lefèvre

Une hisoire globale des révolutions , Ludivine Bantigny, Quentin Deluermoz, Boris Gobille, Laurent Jeanpierre, Eugénia Palieraki, La Découverte, 2023, 37e.

À commander à l’EDMP, 8 impasse Crozatier, Paris 12, edmp@numericable.fr